Au cœur du monde d’aujourd’hui, tel qu’il est – homélie du dimanche 19 septembre 2021

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Au cœur du monde d’aujourd’hui, tel qu’il est

 

         Peut-être avez-vous lu le dernier Écho, et bien sûr l’éditorial écrit par un certain André Jobard. Je ne vais pas vous faire la honte en vous demandant quel était son titre… « Allons-nous récriminer contre notre époque ? » Le vaillant auteur nous invitait à ne pas baisser les bras, et surtout à ne pas idéaliser un passé qui avait lui aussi bien des failles. Je pense que les textes entendus aujourd’hui peuvent nous aider à rectifier notre jugement, ou du moins à le relativiser.

         Le 1er texte : c’est la communauté juive d’Alexandrie, qui plongée en plein monde grec rencontre la tentation de la nouvelle et séduisante culture ambiante, au point de reléguer très loin la foi des ancêtres. L’auteur s’efforce de vivre cette fidélité à la foi d’Israël, ce qui le met souvent en contradiction avec son entourage, ce dont il souffre. Cela se passait 50 ans avant Jésus.

         La 2° lecture : saint Jacques : les premiers chrétiens chez qui règnent déjà des rivalités, et des appétits de puissance très forts : « les rivalités mènent au désordre… » : c’était en 70 après Jésus.

         Enfin l’évangile, le livre saint par excellence, qui devrait être le livre, la légende des modèles, des saints, nous met en présence d’hommes qui se chamaillent pour savoir qui sera le premier, qui aura la meilleure place, et qui refusent de voir la réalité, alors que Jésus ne fait que leur ouvrir les yeux : le Fils de l’homme va souffrir, va être livré. Ils ne veulent pas entendre, c’est trop dur, alors on en revient à des préoccupations les plus terre à terre. Quel tableau de la nature humaine, dressé il y a 2000 ans !

         Cela nous ramène à aujourd’hui, à notre temps, ni mieux, ni pire que dans le passé. Cet aujourd’hui où le chemin de la foi est toujours compliqué, mais pas plus qu’avant. Comment vivre dans notre époque, avec nos frères, amis et ennemis dans la fidélité au Christ ? Nous aimerions tellement que les choses soient claires, que les différences s’estompent, qu’il n’y ait plus l’appétit du pouvoir. On aimerait tant que toutes les décisions prises par les responsables politiques, concernant la vie économique, sociale, le vivre-ensemble ne le soient que dans un souci du bien commun et non dans la recherche du pouvoir. On aimerait bien que les religions ne soient pas exploitées à des fins idéologiques mortifères. On aimerait que dans l’Église elle-même et surtout au sommet de la hiérarchie (la curie romaine) il n’y ait aucune lutte de clans.

         Tout cela c’est du rêve ; mais la réalité elle est là, devant nous et c’est bien cette réalité que Jésus assume jusqu’au bout, et c’est parce qu’il l’a assumée jusqu’au bout (dans la mort et une mort violente) qu’il a été reconnu Fils de Dieu. Ce qui l’a guidé dans cette réalité, c’est de s’être fait serviteur, c’est l’amour du frère, du plus petit : le seul chemin pour avoir la meilleure place.

         Vivons au cœur du monde, en nous mettant sans cesse à son service. Un beau témoignage pour lui donner d’espérer un avenir meilleur, celui pour lequel Jésus s’est donné totalement.

André Jobard

19 septembre 2021