L’Apocalypse – homélie du dimanche 29 mai 2022

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Les lectures du jour

L’Apocalypse

Sans vouloir mettre de côté cette belle prière de Jésus que nous venons d’entendre, dans laquelle il exprime à Dieu son père, son désir d’établir une communauté qui soit signe de sa mission (il n’a pas fini de l’implorer pour cela !), pour une fois je souhaite revenir sur la lecture de l’Apocalypse, un livre assez étrange et plutôt hermétique.

Apocalypse, pour nous ce mot a une coloration plutôt tragique, mettant en branle les planètes, le ciel et la terre toute entière. Ne dit-on pas à la suite d’une catastrophe, d’une tempête, que nous sommes en présence d’une vision apocalyptique? D’ailleurs dans le livre abondent des images terribles, où les étoiles tombent sur la terre, où le soleil s’obscurcit à chaque instant, où le dragon est toujours à l’affût de sa proie, où la Vierge est couronnée d’étoiles, etc… L’essentiel est de déchiffrer le message au-delà de ces images. Et voilà qu’aujourd’hui ce message est exprimé dans toute sa force : toute l’existence, toute l’histoire humaine prend son sens avec Jésus.

Cela nous le savons depuis longtemps, depuis notre catéchisme ; Jésus est notre frère, le seul capable de nous apporter le vrai bonheur : c’est ce que vous, les jeunes, allez proclamer solennellement dans un instant. Et pourtant en avons-nous pris pleinement conscience ? Conscience que nos propres interrogations, nos doutes, nos incertitudes, nos angoisses nos désespoirs peuvent trouver refuge en Jésus. Non parce qu’il serait la solution à tous les problèmes, qu’il suffirait d’appuyer sur le bouton d’un distributeur automatique ou par un clic d’ordinateur en lançant un appel au secours auprès de lui pour obtenir réponse à nos souhaits. D’ailleurs lui-même, parce que pleinement homme a éprouvé ces manques, ces hésitations, ces peurs, ces angoisses. En revanche, et c’est là toute sa force, il a gardé une confiance indéfectible en Celui qu’il appelle son père. Confiance qui l’a conduit à se risquer, à donner toute sa vie pour qu’à notre tour nous entrions dans cette dynamique de confiance, d’abandon à Celui qu’il nous désigne comme notre père.

Quand il se définit comme l’alpha et l’oméga, les 2 lettres extrêmes de l’alphabet grec, comme le commencement et la fin de toutes choses, comme celui qui donne l’eau de la vie gratuitement, on comprend mieux pourquoi est si grand le désir de le voir venir. Les premiers chrétiens qui ont écrit (ou du moins ont été à l’origine du texte) l’Apocalypse venaient de découvrir la bonne nouvelle de Jésus, et pour eux c’était un bouleversement total de leur existence. Au travers de leurs difficultés et notamment des persécutions dont ils étaient l’objet, ils ont réaffirmé leur foi en ce Jésus, lui aussi persécuté, mais à jamais vivant dans leur cœur, dans leur assemblée, dans leur courage. Ils ont compris que la vie n’avait de valeur que si elle était une vie donnée, une vie d’amour, et que Jésus serait le seul à pouvoir étancher leur soif d’une vie pleine, d’une vie réussie.

Et si de notre côté nous voulions vraiment sa venue, n’aurions-nous pas intérêt à le dire plus clairement, à le supplier ? Mais peut-être le mettons-nous souvent en arrière de nos priorités, sans cesse sollicités que nous sommes par les soucis du quotidien, par les projets de rencontres, de loisirs, d’achats.

Alors, avec ces chrétiens qui attendaient que Jésus se manifeste dans leur épreuve, redisons ces derniers mots de la Bible : Oui, viens Seigneur Jésus, maranatha !

André Jobard
29 mai 2022