Annonce / Attente – homélie du dimanche 20 décembre 2020

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        Depuis un an nous vivons dans l’attente des annonces qui annoncent des attentes. Annonce d’un nouveau virus et d’une pandémie, attente déçue d’un traitement annoncé, annonces de confinements et de déconfinements, attente pour certains d’un prélèvement et annonce de son résultat, attente d’un vaccin et annonce d’une campagne de vaccination qui se fait attendre.

        Cette vie pénible en pointillés a un effet favorable. Nous comprenons mieux ceux dont la vie se déroule entre des annonces et des attentes : les chômeurs qui épluchent les petites annonces et attendent des réponses et des entretiens, les demandeurs d’asile qui attendent l’annonce qui mettra fin à leur attente, les couples qui ont du mal à donner la vie et attendent chaque mois une annonce qui les emmène dans une autre attente pleine d’espérance, les malades en attente d’un résultat dont l’annonce les rassurera ou leur imposera une nouvelle attente.

        « Annonce » et « attente », c’étaient aussi des mots enfouis dans la Parole de Dieu pendant l’Avent. A tour de rôle, Isaïe, Jean-Baptiste, Marc, Pierre et Paul ont annoncé tantôt la venue d’un Seigneur qui se rend présent au milieu des hommes, hier, aujourd’hui et demain, tantôt son retour dans la gloire à la fin des temps. Ils nous ont encouragés à attendre ces avènements, en veillant et en préparant nos cœurs et nos esprits.

        La dernière annonce de l’Avent, celle d’aujourd’hui, c’est l’annonce faite à Marie, une annonce décisive dans son histoire et dans celle de l’humanité, tellement étonnante qu’elle a pris le nom propre d’Annonciation et inspiré tant d’artistes. Cette annonce a été précédée d’une très longue attente, une double attente. Pendant des siècles, le peuple juif attendait un messie et Dieu attendait une jeune juive en qui il aurait une confiance absolue.

        Le jour de l’annonce est arrivé. Gabriel, le messager de Dieu, sait qu’il porte un message de poids, un message qui va bouleverser le monde. Il n’a pas droit à l’erreur. Il a appris son texte par cœur. Son annonce est précédée d’un salut plein de délicatesse et prolongée par une explication astucieuse et convaincante. C’est du beau travail.

        Marie est troublée. On comprend sa surprise. Elle se soumet. On admire son humilité. Elle devient pour un temps la demeure de Dieu parmi les hommes, neuf mois d’une attente qui se transforme en désir et qui fait d’un germe divin un vrai homme. Neuf mois encore et Dieu pourra enfin visiter son peuple grâce à Marie.

        Notre attente ne durera que cinq jours, cinq jours pour faire naître en cette période difficile une joie de Noël sereine et paisible, moins exubérante que d’habitude mais peut-être plus profonde, à l’image de celle de Marie.

Vincent Boggio