Avec Jésus, au milieu de l’épreuve – homélie du dimanche 27 juin 2021

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Avec Jésus, au milieu de l’épreuve

 

         J’ai appris après 44 ans de prêtrise qu’une homélie, pour être mémorisée par l’auditoire, devait comporter tout au plus 3 points saillants. En cette période d’examens, je ne voudrais pas être pris en défaut, et je vais donc me limiter à 3 remarques sur cette belle page d’évangile que nous venons d’entendre.

         Tout d’abord je voudrais relever l’expression « Jésus partit avec lui » ; il me semble qu’il s’agit là d’une authentique œuvre de mission à laquelle nous sommes tous appelés. Jésus, en effet, est bouleversé par la peine de ce chef de synagogue (qui fait partie pourtant de ceux qui plus tard participeront à son arrestation) ; cet homme est un papa, ébranlé par la maladie de sa fille. S’il s’adresse à Jésus, c’est parce qu’il a trouvé en lui une personne capable d’entendre son cri de détresse. Effectivement, Jésus part avec lui, emboîte son pas, entre dans son histoire, cherche avec lui une lumière dans les ténèbres où l’a plongé la maladie de sa fille ; Jésus s’engage avec lui, sans savoir jusqu’où cela le conduirait. Que de fois ne sommes-nous pas appelés à partir avec quelqu’un, avec des groupes en souffrance ! Et nous y allons tout simplement par humanité, comme Jésus.

         Le deuxième point qui a retenu mon attention, c’est la remarque de cette femme, immergée dans une grande foule : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » N’avez-vous pas l’impression que nous sommes en présence d’une démarche de superstition ? Est-ce que vous croyez qu’il suffit de toucher le manteau d’une personne pour être guéri, ou tout simplement le vêtement de son professeur pour avoir une bonne note ? Derrière ce qui peut nous apparaître suspect, infantile, il y a, dit Jésus, une vraie foi, la confiance que la bonté de Jésus peut faire de grandes choses. Et non seulement elle est guérie, mais par la rencontre et le dialogue avec Jésus, elle est sauvée, libérée de ce qui l’empêchait de vivre normalement et réintégrée pleinement dans la communauté . Cela doit nous questionner sur nos jugements par rapport à des dévotions qui peuvent nous dérouter ; et si derrière elles se nichait une authentique démarche de foi.

         Enfin le dernier point, c’est encore une expression qui me touche particulièrement : « il pénètre là où reposait l’enfant ». Oui, Jésus entre dans la souffrance de cette jeune fille, dans ses limites, dans ses replis, dans sa mort (vue comme un repos) non pour une emprise sur elle, mais pour tout simplement être là, lui tendre la main, l’appeler à la vie. Quand on a 12 ans c’est la vie qui doit l’emporter, et Jésus, en entrant dans l’univers de cette enfant, communie pleinement à cette aspiration. N’est-ce pas notre rôle d’humain de pénétrer là où la vie est en jeu, en choisissant la bonne distance entre l’indifférence et l’intrusion ?

Pour conclure, je reprendrais volontiers ce que disait le sage dans la première lecture : «Dieu n’a pas fait la mort ». Mort entendue non pas comme la fin de la vie terrestre, mais comme repli sur nous-mêmes, comme défiance à l’égard des autres, comme abandon de notre responsabilité humaine. Certainement, Jésus avait-il au cœur cette foi en Dieu ‘qui ne se réjouit pas de voir mourir des êtres vivants’. Que cette foi nous habite et nous engage à travailler dans un esprit de confiance, d’ouverture et d’amour.

André Jobard

27 juin 2021