Aveugle ou lépreux ? – homélie du samedi 8 octobre 2022

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Aveugle ou lépreux ?

Chers amis, si l’on vous demande de choisir entre être aveugle et être lépreux, qu’est-ce que vous choisiriez ? Je pense que la plupart d’entre nous ne voudraient ni l’un ni l’autre. Mais il y a des gens qui sans avoir eu le choix se sont retrouvés soit aveugles soit lépreux. Pour les plus jeunes, être aveugle, vous voyez bien ce que c’est. Mais être lépreux peut-être pas. La lèpre, c’est une maladie infectieuse (c’est-à-dire qu’elle est causée par des bactéries) qui touche les nerfs, la peau et les muqueuses, et qui provoque des infirmités sévères. Ce fut pendant très longtemps une maladie incurable. Et c’est aussi une maladie très mutilante, c’est-à-dire qu’en plus d’être complètement défiguré si la lèpre touche au visage, la personne lépreuse voit l’un de ses membres ou l’un de ses organes complètement rongés et disparaître progressivement. Le physique d’une personne atteinte de lèpre n’est pas très agréable à voir. C’est même un peu repoussant. Et aujourd’hui encore on exclue systématiquement les personnes gravement atteintes de lèpre et on les regroupe dans des centres de soin appelés léproseries. Au temps de Jésus, comme si tout cela ne suffisait pas, les personnes atteintes de lèpres étaient frappées d’interdits religieux. On pensait que le lépreux est une personne châtiée par Dieu. Alors, il est non seulement exclu de la vie sociale mais aussi de la vie religieuse. Vous voyez qu’au temps de Jésus, c’était donc bien pire d’être lépreux que d’être aveugle. Si nous vivions au temps de Jésus, entre être lépreux et être aveugle, nous choisirions certainement d’être aveugle.

L’évangile de ce dimanche met en scène non pas un lépreux mais 10 lépreux. Ça fait quand même beaucoup. Dix lépreux s’avancent tous ensemble vers Jésus en lui demandant de les prendre en pitié. Ils veulent guérir. Ce qui est intéressant c’est que Jésus ne les guérit pas tout de suite, mais il leur demande d’aller se montrer au prêtre. Ce qui est pour le moins curieux. En fait, il faut être guéri avant de se montrer au prêtre. Et celui-ci authentifie la guérison et lève les interdits religieux qui frappe le lépreux. Il faut donc que les dix lépreux aient encore un peu de foi pour faire le chemin vers le temple pour se montrer au prêtre. D’après l’évangile, ils ont fait ce chemin. Et en cours de route ils ont tous été purifiés. Et l’un d’eux est revenu sur ses pas pour rendre grâce à Dieu. Et pas les autres. Et à celui-là, qui était un étranger, Jésus a donné un autre cadeau que les autres n’ont pas reçu parce qu’ils ne sont pas revenus. Jésus lui a dit : « Relève-toi, ta foi t’a sauvé ».

Je pense que c’est dans ce « relève toi, ta foi t’a sauvé » que nous trouvons la substance de ce que Dieu a fait pour le lépreux. Ils ont tous été purifiés de la lèpre c’est sûr, mais ils n’ont pas tous reçu le don du salut. Jésus veut les sauver tous, non pas seulement de la lèpre, mais aussi d’une maladie et d’un danger plus grave. C’est la maladie qui consiste à être tournée vers soi et à vivre loin de Dieu. Le médicament qui guérit cette maladie c’est la foi. Et le pharmacien qui le donne, c’est Jésus.

Les jeunes de l’aumônerie de tout notre doyenné qui ont partagé ensemble leur après-midi ici chez nous, ont réfléchi sur l’écologie, à travers des échanges mais aussi des jeux. Et ce que Jésus a accompli pour le lépreux de l’évangile, c’est exactement ce qui relève de l’écologie intégrale. C’est-à-dire qu’il place la personne du lépreux au centre de la maison (dans le mot écologie il y a un mot grec qui signifie maison) et le sauve avec toute la maison. En accueillant le cadeau de la foi et du salut, nous l’accueillons avec toute la maison commune à qui Dieu se révèle et que Dieu sauve.

Judicaël Mitokpey, Vicaire
8 octobre 2022