Celui qui vient d’ailleurs – homélie du dimanche 2 octobre 2022

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Les lectures du jour

Chers amis,

Notre paroisse et notre diocèse célèbrent ce dimanche avec un cachet particulier, la journée mondiale du migrant et du réfugié. Cette célébration qui devait avoir lieu dimanche dernier a lieu ce dimanche dans notre diocèse. C’est pour qu’elle ne passe pas sous silence étant donné qu’il y avait d’autres célébrations importantes dimanche dernier.

Ce serait intéressant de réfléchir à cette occasion sur la personne du migrant et du réfugié. C’est qui le migrant ? Qu’est ce que l’Évangile nous en dit ?

A priori l’Évangile de ce jour ne parle ni de migrant ni de réfugié. Mais l’actualité nous en parle sans cesse. On évoque plusieurs chiffres. Mais il y a aussi le drame de toutes ces personnes qui trouvent la mort dans des conditions difficiles et parfois cruelles en tentant de trouver refuge loin de chez elles. Souvent parce qu’elles sont rejetées, ou alors parce qu’on ne leur a pas tendu une main secourable ou bien encore, parce qu’on est resté indifférent à leur cri de détresse. Dans la Bible, Dieu a l’habitude de s’identifier lui-même à l’Étranger : celui qui vient d’ailleurs. Mais encore, il arrive que Dieu provoque lui-même une migration dans la vie des hommes. Ils leur demandent comme ce fut le cas d’Abraham, de quitter leur pays et d’aller vers une destination inconnue. Il a fait la même chose avec Jacob à qui il a demandé de monter à Béthel et d’y séjourner. Mais celui qui a vécu les meilleurs et les pires états du déraciné, ce fut Joseph. Qui a dû partir malgré lui, parce qu’il a été vendu par ses frères ; il a connu l’esclavage et la prison mais il a aussi connu le triomphe sur l’adversité, la puissance et la gloire. Comme Joseph, des millions de migrants partent aujourd’hui malgré eux ; ils sillonnent le monde en quête d’un ailleurs plus souriant, ils frappent à nos portes. Ils peuvent se retrouver dans la prière du prophète Habacuc que nous avons entendu en première lecture : « Combien de temps vais-je appeler sans que tu entendes ? Crier vers toi violence sans que tu te sauves ? Devant moi, pillage et violence, dispute et discorde se déchaînent ».

Comment nous entendons ce cri, cet appel, cette prière ? C’est peut -être là que la question de savoir qui sont ces migrants est importante. Sont-ils des personnes dangereuses qui menacent notre quiétude ? Sans doute un peu. Mais sont-ils réductibles à cela ? Que pouvons-nous faire ? Quel éclairage nous apporte l’évangile ?

Le migrant qui est démuni de tout et se trouve dans une situation de détresse peut nous faire penser aussi à la situation de Paul qui est en prison à Rome au moment où il écrit à Timothée ce que nous avons entendu dans la deuxième lecture : « n’aie pas honte de moi, dit Paul ; N’aie pas peur de rendre témoignage à notre Seigneur, parce que tu n’as pas reçu un esprit de peur, mais un esprit de force ».

Alors comme Saint Paul, qui est en détresse, le migrant est peut-être porteur d’un message que nous avons besoin d’entendre aujourd’hui. Et quand nous nous sentons impuissant devant les situations dramatiques et que nous demandons au Seigneur d’augmenter en nous la foi, il faut aussi que nous puissions nous rappeler que la foi grandit dans la charité. Saint Paul dit : « Quand j’aurais la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » L’évangile nous invite à rester attentif au monde qui nous entoure et à agir avec bienveillance en faveur du faible et du petit, à l’échelle de nos capacités. Alors, comme de simples serviteurs, nous aurons accompli notre devoir.

Judicaël Mitokpey, Vicaire
2 octobre 2022