Contemplation et action pour une confiance renouvelée – homélie du dimanche 17 novembre 2019

        En ce temps-là, comme certains s’extasiaient devant de nouveaux vitraux récemment installés dans une église de Bourgogne, un certain Jésus, pour qui ces vitraux étaient pourtant destinés, s’écria : « ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit. » Imaginez la tête du curé de cette paroisse quand il entend ces propos révolutionnaires ; il se demanda si le choix de cet aménagement n’était pas en décalage avec la pensée de Jésus pour qui il travaille à temps complet depuis plus de 42 ans. D’autant qu’en ce dimanche où ce Jésus tient ce discours, une association caritative engage les amis de ce Jésus à se tourner vers les pauvres, cela dans la ligne d’un pape, lui aussi révolutionnaire, puisqu’il a fait de cette journée la journée mondiale des pauvres. J’ajoute que toute ressemblance avec une situation locale serait tout à fait fortuite !

         Nous voilà donc, avec ces textes d’aujourd’hui, avec cette journée nationale du Secours Catholique, dans le cadre de la journée mondiale des pauvres, ramenés à notre responsabilité de baptisés. En effet nous sommes souvent tiraillés entre la nécessité de la prière, pouvant être soutenue, par exemple par une œuvre d’art à l’intérieur d’une église, et l’exigence du service des plus pauvres de nos sociétés en vue de l’avènement d’un monde plus fraternel, tel que Dieu l’a voulu. Un tiraillement mal vécu, réduit à une opposition stérile entre contemplation ou action, qui nous pousserait à choisir entre la pose de vitraux et le service des pauvres, comme si l’un excluait l’autre, alors que les deux doivent se féconder mutuellement. Que serait-ce une prière qui ne se soucie pas du sort des frères en souffrance? Et nous connaissons aussi le danger d’un activisme sans recul , sans une relecture priante pour sortir d’une autosatisfaction.

         A l’écoute de l’évangile qui nous parle de destructions, de tremblements de terre, de famines, de persécutions, on a peut-être un élément de réponse à notre questionnement. En effet cette accumulation de catastrophes (comme nous en déversent chaque jour les médias) a de quoi engendrer la peur, la méfiance, le découragement, le repli sur soi, des maux dont notre monde souffre terriblement à l’heure actuelle. En nous invitant à nous tourner vers les pauvres, le pape nous rappelle que ce sont eux qui font le plus confiance en Dieu. Une confiance qui doit être la nôtre, et que manifeste un organisme comme le Secours Catholique dans son service envers les plus pauvres ; il est le signe vivant de la foi des chrétiens, foi et confiance que le monde ne va pas à sa perte, qu’il est aimé par Dieu. D’ailleurs le prophète Malachie nous l’a rappelé, et Jésus lui-même nous a assuré la victoire finale. C’est la même confiance qui habite une communauté chrétienne quand elle investit dans une œuvre d’art. Que celle-ci stimule notre regard et notre engagement pour l’avènement d’un monde que le Seigneur a voulu bon et beau pour tous.

André Jobard

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