Corps et Sang – homelie du dimanche 14 juin 2020

 

Corps et Sang

 

        Il y a juste 25 ans, j’étais ordonné diacre pour être signe de l’Église servante dans le monde, en particulier celui des soignants et des étudiants en soins à Dijon. J’ai frissonné à la fin de la prière eucharistique quand Michel, notre évêque, m’a tendu la coupe pour que je l’élève pendant qu’il disait par lui, avec lui et en lui… Je présentais le sang du Christ à ma famille, à mes amis, à mes collègues. Je n’avais pas repéré que mon prénom, Vincent, me prédestinait à être au service du vin et du sang. Au travail j’étais fasciné par les transfusions qui sauvaient une vie grâce au sang donné par un inconnu, et j’enseignais avec passion les étonnantes fonctions du sang dans le corps. Mais là, c’était autre chose : le sang du Christ, sang versé sur la croix. Désormais je serais invité à présenter, comme Paul à ses frères de Corinthe, la coupe de bénédiction que nous bénissons, qui est communion au sang du Christ.

        Communion, c’est le sens de la fête de ce jour dénommée : Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. C’est la fête de la communion pourrait-on expliquer à un enfant. D’ailleurs pour certains de nous c’est peut-être l’anniversaire de leur première communion.

        La communion est une réalité inouïe inventée par Dieu devenu chair au cours de son dernier repas avec ses amis. Elle a plusieurs effets rappelés par les textes du jour. Les chrétiens qui ont exprimé pendant le confinement combien ils étaient éprouvé par le manque de communion ont souvent privilégié un de ces effets.

        L’effet individuel. C’est celui que souligne Jean. Jésus avait annoncé non seulement Je demeure en celui qui mange ma chair – c’est bien ce qu’on attend de la communion – mais aussi Celui qui mange ma chair demeure en moi – ce qui est plus surprenant. Celui qui communie progresse en Jésus vers le Père et la vie qui est en nous devient peu à peu une vie éternelle qui se prolonge après la mort.

        L’effet communautaire. Paul l’exprime ainsi. Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps. Communier, c’est partager et renforcer l’union. C’est aussi, pour certains étymologistes, porter la même charge.

        Enfin, Moïse et le psaume, qui sont antérieurs à la communion, soulignent un effet de la nourriture que Dieu procure en mettant en parallèle cette nourriture et la parole qui sort de la bouche du Seigneur. Dieu nous nourrit quand nous avons faim pour que nous écoutions sa parole. La communion au corps du Christ donne envie à chacun et à la communauté de faire vivre sa Parole.

Vincent Boggio

Télécharger au format pdf