Dans mon sac de voyage – homélie du dimanche 3 juillet 2022

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Les lectures du jour

Dans mon sac de voyage

Tout en préparant hier mon sac de vacances, je pensais à l’évangile que nous venons d’entendre, où il est question de partir, d’un envoi. Je me disais en moi-même : «  moi aussi je pars, est-ce le Seigneur qui m’envoie aussi comme les 72 disciples (tous), là où lui-même doit passer après moi ; va-t-il donc à Arcenant, à Noyon, à Moline dans le Queras ? Dois-je prendre ses recommandations à la lettre ? » Toutes sortes de questions qui s’agitaient en moi et que je vais essayer de résoudre en m’appuyant sur la parole-même de Jésus.

Tout d’abord, je sais que là où je vais, là où nous allons, même si nous restons chez nous, Jésus viendra lui aussi. Il n’est pas étranger à notre vie, à nos projets, il nous suit, pas trop près afin de nous laisser pleine liberté, mais nous savons qu’il ira partout où nous irons, même dans nos impasses.

Ensuite sans m’obliger à suivre à la lettre sa recommandation à ne rien emporter (je vais bien emporter ma carte bleue et quelques habits!), j’entends bien cette invitation à me décharger de lourds fardeaux que nous accumulons au fil des jours : des habitudes, des addictions peut-être, des pensées toutes faites, des jugements hâtifs, des préventions, tout cela pour accueillir l’inattendu de la vie. Et comme prêtre, je sais bien que je reçois beaucoup plus que ce que je donne dans mes rencontres pastorales.

« Restez et demeurez dans cette maison » : les vacances, c’est l’occasion de retrouvailles, c’est prendre le temps pour une vraie relation. Demeurer, j’aime bien ce mot, et il me fait penser à Jésus lui-même qui est venu demeurer chez nous, qui a passé 30 ans dans son village : une présence discrète, quasi silencieuse, mais nécessaire.

« Dîtes d’abord : paix à cette maison ! » Quelle belle mission nous est confiée ! Être messager de paix, à la suite du prophète (1 ère lecture), un disciple d’Isaïe qui entrevoyait que le salut c’était la paix, pas seulement la fin des combats, mais plus profondément une relation rétablie, un pardon offert. Que de travail en perspective ! Le temps de l’été, à travers les rencontres, les apéritifs, les barbecues, sera peut-être ce moment où des tensions familiales, amicales survenues trouveront des issues positives.

« La moisson est abondante » nous voilà envoyés non pas pour les semailles mais pour la moisson, c’est-à-dire récolter ce qui a grandi dans le cœur des hommes, des femmes. C’est accueillir ceux que nous allons rencontrer, écouter leur vie, nous émerveiller avec eux des petites choses de leur existence qui les ont fait avancer, avant-même de vouloir leur imposer nos idées, nos recommandations.

Enfin, j’espère éprouver la même joie que les disciples à leur retour de mission. Même si les démons nous ne seront peut-être pas tous soumis, j’entends bien la promesse de Jésus qui nous dit que la source de notre joie ce sera l’inscription de nos noms dans les cieux. Oui dans les cieux, c’est-à-dire dans le cœur de Dieu, il y a une place pour chacun de nous, appelé par son nom. Une belle perspective à nos existences qui nous semblent parfois un peu ternes ; une perspective que la pause estivale peut raviver. C’est ce que nous nous souhaitons dans cette eucharistie.

André Jobard
3 juillet 2022