Dans nos traversées
« Les longues homélies font bouger les chaises … Mais les courtes homélies font bouger les cœurs ». Cette citation d’un évêque retraité me conduit à me demander au moment où je vous quitte si, je l’espère, à défaut de ne pas vous avoir fait bouger les bancs, j’ai réussi à faire bouger vos cœurs. L’exercice de l’homélie n’est pas facile. A plusieurs reprises on m’a fait remarquer que j’aimais correspondre avec le ciel, avec Dieu ou Jésus par voie électronique, sachant qu’en la matière j’avais une compétence reconnue ! J’ai donc décidé pour aujourd’hui de me lancer dans cette moderne communication pour entrer dans la pensée de Jésus à travers cette scène de la tempête sur le lac.
Et oui j’ai envoyé un SMS à Jésus pour le réveiller de son sommeil, alors que la situation actuelle dans notre monde n’est pas brillante, et que nous traversons de rudes tempêtes. Je lui ai écrit qu’il y avait aujourd’hui une paroisse en Côte d’Or qui s’interrogeait sur son avenir, secouée par le départ de son curé qui s’en va couler des jours heureux en retraite. Je lui ai aussi avoué qu’il me semblait que le dit-curé devait ressentir une certaine émotion à l’idée de quitter cette communauté si vivante et chaleureuse. Je lui ai transmis tout ce que vous venez d’exprimer des tempêtes que nous traversons. « Oui Jésus cela ne te fait rien que nous coulions ? » ai-je eu envie de lui dire, comme beaucoup le pensent actuellement. « Mais qui es-tu ? Pour nous laisser aller dans une telle dérive ? »
J’ai dû le réveiller car une heure après, j’avais une réponse. Savez-vous ce qu’il m’a écrit ? D’abord que c’est lui qui nous a invités à passer sur l’autre rive ; il pense qu’il est bon que nous ne fassions pas du sur-place, que nous ne restions pas crispés sur nos acquis, et que notre avenir il est dans l’aventure qu’engendre toute situation nouvelle, et que lui Jésus, présent dans la barque, est avec nous dans cette traversée.
Mais tout en restant proche de nos vies, il veut par son sommeil, par sa mise à distance par rapport à nos difficultés, nous permettre de prendre nos responsabilités. En cela il nous met en garde contre un infantilisme, contre une dévotion asservissante ; il ne veut pas être celui qui répond à la manière d’un bouton qu’il suffirait d’appuyer pour que ça marche.
Quand il reproche à ses disciples d’avoir peur, c’est leur manque de foi qu’il pointe, c’est ce défaitisme qui atteint tous ceux qui traversent des tempêtes. Où est-elle notre foi en lui, si nous baissons les bras au moindre incident, semble-t-il nous demander ? Il exhorte fermement ses proches à s’appuyer sur leur confiance en lui comme une force intérieure permettant de faire face au déluge de la peur.
Et enfin cette mer apaisée, ce vent réduit au silence, n’est-ce pas le moment d’une nouvelle intimité entre Jésus et ses disciples ? Leur question sur son identité se transforme en contemplation de sa vraie nature : un homme présent à notre histoire humaine, dont la rencontre avec lui peut générer de grandes choses : « il est celui à qui le vent et la mer obéissent. ».
Le texto était finalement assez long, un vrai cours de théologie, qui m’a fait du bien, qui a fait bouger mon cœur, comme le vôtre, je l’espère. C’est un message que nous devons nous transmettre les uns aux autres, pas seulement par la parole, mais par toute notre vie de service, de prière personnelle et communautaire. Et si vous le souhaitez, je peux vous donner l’adresse-mail du ciel : amouresperanceconfiance@regnededieu.fr (tout attaché sans accent).
André Jobard
23 juin 2024 (départ de la Visitation)