Éblouissement : attention ! – homélie du dimanche 17 avril 2033 – Pâques

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Éblouissement : attention !

Quelle merveille, cette apparition du soleil, qui plus est dans les vitraux du chœur! Un éblouissement sans pareil, signe d’un jour nouveau, et pas n’importe quel jour, puisqu’il s’agit du jour de Pâques, ce jour où les croyants osent proclamer que Jésus, enseveli après sa mort sur une croix, n’est plus dans son tombeau. « Il est ressuscité, vivant ! » disent-ils, et ils chantent cette nouvelle au monde entier. Mais, vous le savez, un éblouissement est de courte durée, et après lui, c’est souvent la nuit, le noir absolu. Ce qui peut nous conduire à penser qu’après une telle révélation selon laquelle Jésus serait vivant, nous restions muets, stupéfaits et plongés dans le doute ou même dans le noir.

Et c’est ainsi que se présentent les récits d’apparition de Jésus ressuscité. Dans le passage de ce jour, nous voyons bien que cette découverte du tombeau vide déclenche chez Marie-Madeleine qui venait se recueillir auprès du corps de son ami, le désarroi, la peur, la stupéfaction. Et les 2 apôtres à qui elle relate l’événement réagissent différemment : Pierre, qui ne sait pas quoi penser, et l’autre disciple qui croit. Rappelons-nous : ces mêmes apôtres venaient de vivre un drame atroce avec la mort de leur ami, leur maître, et ils n’étaient pas très fiers de leur conduite à son égard, puisqu’ils l’avaient laissé seul devant la haine qui se déchaînait contre lui. L’éblouissement de la compréhension de ce qui vient de se passer avec ce tombeau vide viendra à son heure, et connaîtra lui aussi des phases successives d’obscurité et de clarté. La foi en la résurrection de Jésus n’a rien de linéaire

Et il en est certainement de même pour nous. Peut-être avons-nous eu la chance d’une telle révélation à un moment de notre vie, mais aujourd’hui nous pouvons aussi être dans le noir, dans le doute. Les circonstances de la vie n’y sont pas pour rien : un deuil, une rupture sentimentale, une querelle familiale, un échec professionnel, un accident de santé, l’atmosphère générale de guerre, le climat politique comme celui de la planète, tout cela peut nous faire basculer dans les ténèbres les plus obscures. Nous n’y voyons aucune lueur, nous ne croyons plus en un autre avenir. Le message de la résurrection de Jésus peut-il alors nous toucher, nous rejoindre ?

Si nous sommes là ce matin, ne serait-ce pas parce que demeure en nous cette attente d’un jour nouveau pour notre vie ? Comme Jésus, nous pouvons passer par des moments difficiles, terribles, à moins que nous soyons touchés par la détresse ou le désarroi de frères dans l’épreuve, et dans cette réalité si dure nous avons cherché la petite lueur qui nous permettrait de continuer le chemin, de croire que la nuit aurait une fin. Cette petite lueur c’est celle de l’espérance, qui est bien autre chose que l’espoir, car elle s’appuie sur le mouvement de tout notre être, un mouvement pour la vie, pour l’amour, pour le pardon, pour le service… comme Jésus.

Et nous dit saint Paul « si nous mourons avec lui, comme lui en nous donnant à nos frères, nous ressusciterons avec lui ». Dès maintenant, si nous nous donnons totalement pour les autres, nous goûterons à la joie d’une vie nouvelle, d’une vie réconciliée. N’est-il pas là le message de Pâques, qui peut nous éblouir comme le soleil ce matin, mais surtout qui nous révèle qu’après la nuit du doute, de l’incertitude, il y a place à la douce et chaleureuse lumière d’une vie qui a du sens, d’une vie pleine, d’une vie de ressuscité ?

André Jobard
17 avril 2022 – Pâques