Entrer dans la joie du Seigneur – homélie du dimanche 12 décembre 2021

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Entrer dans la joie du Seigneur

 

         « Soyez toujours joyeux ! » A votre avis, c’est toujours facile d’être joyeux ? Quand on a raté un devoir, quand on s’est disputé avec un copain, avec les parents. Est-ce que les enfants dans les pays en guerre peuvent être heureux ? Et puis ceux qui ont perdu un être cher, une maman, un papa, un grand-parent, comment leur demander à tous ceux-là d’être heureux ? J’ai envie de dire qu’on n’a pas le droit de le faire, quand on voit quelqu’un qui a du chagrin : cela peut rajouter de la peine à sa peine. Et pourtant vous l’avez entendu comme moi, tous les textes d’aujourd’hui, tous les chants nous parlent de la joie et nous recommandent d’être joyeux. C’est certainement la preuve que c’est important, très important.

         Nous avons entendu dans l’évangile que des foules venaient très nombreuses auprès d’un certain Jean-Baptiste. Ces foules lui demandaient ce qu’elles devaient faire après qu’il les ait baptisées. Sa réponse ? Des choses toutes simples « celui qui a deux manteaux qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ». Et cela est valable aussi pour les collecteurs d’impôts ou les soldats : faites votre métier de façon honnête et bonne. Ces réponses ne semblent pas satisfaire totalement ses auditeurs; d’ailleurs le texte dit que le peuple était en attente. En attente de quoi ? Peut-être qu’ils attendaient un homme exceptionnel, quelqu’un qui aurait une solution à tous leurs problèmes. Comme c’est le cas en ce moment dans notre pays ; on attend beaucoup des candidats à l’élection du président de la République.

         Que va répondre Jean-Baptiste à tous ces gens et à nous aussi aujourd’hui ? Il annonce la venue de quelqu’un plus fort que lui (il ne se croit pas digne de lui attacher ses lacets!) qui va baptiser dans l’Esprit Saint et dans le feu. Vous avez compris ? Pas facile à comprendre cette histoire de baptême dans l’esprit saint et dans le feu. En disant cela il fait allusion à Jésus, Jésus qui va mourir sur une croix, qui n’hésitera pas à aller au bout de ses convictions, ce qui lui vaudra d’être arrêté (car ses paroles gênaient beaucoup de monde : il disait par exemple qu’il fallait accueillir l’étranger qui vient chez nous, qu’il fallait partager, plutôt que d’aller au temple). Il fut condamné à mort pour cela, par amour, et cela l’a conduit à la joie du matin de Pâques où il est sorti du tombeau, vivant. Alors être baptisé comme Jésus, dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire dans le même état d’esprit que Jésus, c’est accepter de donner un peu de notre vie, de notre amitié, de nos biens, de notre sourire, tous les jours, et agir comme cela donne de la lumière, du feu à la vie de tous.

         Et c’est là que se trouve la vraie joie, autrement plus forte que le plaisir de posséder le jouet dernier cri, ou d’aller dans l’espace. Je pense que c’est à cette joie-là que nous sommes invités, qui peut exister même dans la peine. Ne serait-ce pas cela la Bonne Nouvelle que Jean-Baptiste annonçait ?

André Jobard
12 décembre 2021