Feuille paroissiale n°130 – 27 novembre 2021

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Veiller dans la nuit

 

Veiller, ce n’est pas vivre méfiant dans le chaos d’un monde avorté, ni séparé des hommes comme s’ils étaient perdus.

Veiller, c’est déployer toutes les antennes de son pouvoir d’aimer pour détecter, dans la beauté du monde et la grandeur de l’homme, nos raisons de vivre et d’espérer.

Veiller, c’est entrer joyeusement dans le projet du Dieu de l’alliance et chercher partout son regard : et seuls peuvent se reconnaître les regards qui se sont longtemps cherchés.

Veiller, c’est garder le front levé quand rien ne peut combler le vide de l’échec, quand l’amour et la vie sont devenus mensonges.

Veiller, c‘est croire, croire encore, «c’est croire quand même. que Dieu ne veut pas la souffrance, et qu’il vient vers nous, non pas pour l’expliquer mais pour la partager.

Veiller c’est tendre nos mains enchaînées par nos propres passions, par nos propres péchés, vers un Dieu qui meurt pour les pêcheurs.

Veiller c’est être plus fort que la nuit, plus fort que le sommeil, et quand c’est Jésus-ressuscité qui veille en nous, c’est être plus fort que la mort.

Il faut veiller. Autour de nous, c’est la nuit. Le monde peut s’endormir, lassé par le malheur, le veilleur est debout : il fait confiance à l’aurore.

Il faut veiller : le veilleur a confiance au nom des autres.

Et quand la nuit se lève, et que le ciel se met à flamboyer là-bas vers l’orient, quand le veilleur se dresse tout droit pour contempler l’aurore, le monde apprend qu’il est sauvé. Il peut surgir de son sommeil, il peut surgir de la mort car le soleil vient d’exploser sur toutes nos nuits, comme un rire joyeux sur toutes nos peurs.

J. LECLERC, Le Jour de l’Homme (Seuil 76) page 51

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