Gestion de biens – homélie du samedi 17 septembre 2022

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Les lectures du jour

Chers frères et sœurs, chers amis,

Le passage d’Évangile qui nous est proposé ce dimanche n’est pas très simple. Il pose plein de questions. Des questions au sujet de ce gérant malhonnête dont le Seigneur loue pourtant l’habileté et au sujet de cet enseignement très radical sur l’argent. D’ailleurs, la dernière phrase, quand on la prend au sérieux, représente une vraie claque pour nos sociétés actuelles et pour chacun de nous : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». On a quand même besoin d’un peu d’argent. Si vous ne donnez plus à la quête, on ne pourra pas entretenir l’Église… On est donc tous d’accord que l’argent nous est nécessaire mais que l’accumulation pour soi n’est pas une bonne chose. Il me semble que ce n’est pas tant d’une affaire de fric qu’il s’agit. Peut-être un peu, mais il y a autre chose dans cet évangile qui m’interpelle.

C’est ce vocabulaire de gestion qui nous est si familier et qu’on ne s’attend pas à rencontrer dans une page d’évangile. Si vous faites bien attention le texte parle abondamment de gestion. Les mots gérant, biens, gestion, gérance, compte, abondent dans le texte. En tout, ils reviennent près de 13 fois. Il est donc question de gestion de biens dans cet évangile. Plus que d’argent. Le mot argent lui-même qui n’est pas étranger cependant à la question de la gestion ne vient que deux fois dans le texte. Il y a aussi dans le texte, l’idée de vie familiale et de maison, avec les mots serviteur, maître, servir, domestique, demeure, fils, amis, accueillir, confiance, aimer, s’attacher.

Alors en mettant ensemble ces deux idées, on s’aperçoit, qu’il est question de gestion des biens de la maison. Ce qu’on retrouve aussi dans d’autres passages d’évangile, comme celui du roi qui s’en va en expédition et confie la gestion de sa maison à son serviteur. La question est donc : « comment gérons-nous la maison que Dieu nous a confiée ? » Cette maison peut être notre famille, nos engagements socio-professionnels, notre paroisse, mais aussi, notre planète, notre environnement. Est-ce que nous avons tendance à dilapider les biens qui nous sont confiés ou alors nous les mettons au service d’une réalité plus grande. Sommes-nous des fils de ce monde ou des fils de la lumière ? Les fils de la lumière agissent en ce monde en vue d’une réalité plus grande, en vue des demeures éternelles. Ils mettent les biens de ce monde au service des biens éternels. Et il me semble que tout l’enjeu est là. Notre aptitude à gérer les maisons d’ici-bas, détermine notre capacité à gérer les biens éternels. Il y a des biens impérissables et éternels que le Seigneur nous a confiés. Et si nous ne savons pas prendre soin des petites choses, des petites maisons qu’il nous a confiées, comment pouvons-nous prendre soin des biens éternels ?

Le Seigneur nous invite aussi à faire attention aux petites choses qui nous entourent et à être de bons gérants de tous ces biens dont il nous a fait le don. Et comme Saint Paul nous le recommande dans la deuxième lecture, nous devons aussi prier pour tous ceux qui exercent l’autorité publique. Les responsables d’État et les dirigeants à divers niveaux. Afin qu’ils se mettent au service de leurs frères et sœurs, dans le respect du bien commun et de la planète, et qu’ils participent ainsi à l’avènement du royaume de Dieu.

Judicaël Mitokpey, Vicaire
17 septembre 2022