Gravir la montagne avec Jésus !
Chers frères et sœurs, chers amis, bonne fête de Toussaint.
C’est une très belle fête que nous célébrons aujourd’hui. C’est la fête de la Sainteté. Fête de la sainteté et non de la perfection. Ce n’est pas la fête des parfaits, mais la fête des saints. Il n’est pas interdit de désirer et de rechercher la perfection. Mais ce que nous célébrons en ce jour, ce n’est pas la fête de ceux qui n’ont pas de défaut, mais la fête de ceux se sont laissés rejoindre par la grâce et la puissance de Dieu, malgré leurs défauts. Oui, je pense que nos amis les saints ne sont pas les plus forts, ni les plus vertueux, ni les plus courageux …. S’ils sont forts, c’est qu’ils ont été rendus forts par la puissance de l’Esprit Saint ; S’ils sont courageux, c’est qu’ils le sont par l’audace du Christ. Puisque nous partageons une profonde communion avec eux et qu’au nom de cette communion nous les célébrons en ce jour, je voudrais leur souhaiter aussi une bonne fête en votre nom (Vous ne l’avez peut-être pas encore fait). Bonne fête à tous nos amis les saints. Ceux d’entre eux qui nous ont rejoint ici même pour la célébration de ce matin et ceux qui sont ailleurs. Enfin, comme ils sont en Dieu, ils peuvent être tous partout, au même moment. Ils s’en trouvent peut-être quelques-uns parmi eux qui n’ont pas regardé leur agenda et qui ne savent pas que nous sommes au 1er novembre. Parce qu’ils ont aussi leurs petits défauts. Mais assurément, ils sont tous Saints malgré tout ce qu’ils sont, parce qu’ils partagent la bonté et la sainteté de Dieu lui-même.
L’Évangile nous en dit un peu plus sur ce qui fait le bonheur des saints. Ce bonheur, c’est avant tout d’être sur la montagne avec Jésus – Qui peut gravir la montagne du Seigneur ? s’interroge le psaume que nous avons proclamé – ; Gravir la montagne avec Jésus et recevoir comme programme de vie ces béatitudes qui sortent de sa bouche, c’est sans doute cela le bonheur des saints. Il y a d’ailleurs un détail dans cet évangile des béatitudes chez Saint Matthieu qui peut nous faire sourire : C’est que l’évangéliste précise que Jésus, après avoir gravi la montagne, s’assit. Et ses disciples s’approchèrent de Lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. On ne sait pas pourquoi Matthieu précise « ouvrant la bouche » comme si Jésus pouvait parler sans ouvrir la bouche. Il semble cependant que l’expression « ouvrant la bouche » est une manière sémitique de rendre plus solennel ce qui va être dit. En tout cas, on peut dire qu’il s’agit de paroles qui viennent du fond du cœur de Jésus.
Ces paroles qui commencent par « Heureux » dessinent un chemin de simplicité pour les personnes qui les reçoivent. Il faut voir les béatitudes non pas comme un discours utopique, ou un projet pour les faibles et les mous. Mais comme une joyeuse marche et un encouragement vers le Royaume. D’ailleurs on peut traduire aussi « heureux » par « En marche » (ici ce n’est pas un slogan politique). En marche ne baissez pas les bras. « En marche, persévérez les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à vous ! » En marche, persévérez les doux : vous obtiendrez la terre promise ! En marche, vous qui pleurez pour diverses raisons, vous serez consolés ! Jésus regarde la foule autour de lui ; il pose sur tous ces gens le regard de Dieu. Et il dit à ses disciples : regardez, il y a ici des pauvres… des doux… des affligés… des affamés et assoiffés de justice… des compatissants… des cœurs purs… des artisans de paix… des persécutés. Ces situations ne correspondent guère à l’idée que le monde se fait du bonheur. Mais ceux qui les vivent, ceux qui vivent ces situations avec la force qui vient de Dieu, sont les mieux placés pour accueillir et construire le Royaume. Nos chemins d’humilité et de simplicité peuvent alors nous mener au royaume, à cet horizon de l’existence humaine où Dieu règne en communion avec ses amis les saints. Nos chemins d’humilité et de simplicité peuvent nous conduire à cet endroit précis où, sur la montagne des béatitudes, Dieu veut nous rencontrer pour nous sanctifier. Prenons le rendez-vous.
Judicaël Mitokpey, Vicaire
1er novembre 2022