Guérison individuelle, guérison collective – homélie du dimanche 7 février 2021

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Guérison individuelle, guérison collective

 

         Tout au long de son ministère mais plus particulièrement au début, Jésus trouve des malades sur sa route. Il ne s’attarde pas à distinguer ce qui est maladie naturelle et ce qui est possession démoniaque. Il guérit les malades et chasse les démons. Dans les deux cas il triomphe du mal. Il associe les guérisons et la proclamation de l’Évangile, deux façons d’annoncer que le Royaume de Dieu s’approche.

         A l’exception de la guérison de dix lépreux, Jésus ne pratique pas de guérisons collectives. Avec chaque malade il crée une relation individuelle. Il prend pitié et il soigne. Cette relation de Jésus au malade a éclairé des générations de chrétiens qui se sont identifiés tantôt au malade soigné par Jésus en lui adressant une prière, tantôt à Jésus soignant en se mettant à leur tour au service des malades. Pendant des siècles, l’Église a été en première ligne dans la prise en soins des malades dans des institutions qu’elle a créées et gérées avant que l’État ne prenne la relève.

         Comme c’est le cas pour Job, un juste dont la Foi est mise à l’épreuve par la maladie, celle-ci conduit volontiers le croyant à se tourner vers Dieu. Sa prière est alors colorée de colère, d’interrogations ou de désir. Elle se résume souvent en quelques mots, répétés en boucle : « Seigneur guéris-moi, prends pitié de moi, sauve-moi ». Cette prière de guérison est parfois un appel au miracle. Elle est plus souvent une demande de présence, de soutien : « Seigneur, sois avec moi dans cette épreuve ».

         Depuis un an, le regard sur la maladie s’est modifié. On avait oublié qu’une épidémie pouvait être sévère et généralisée au monde entier. Brusquement, c’est la santé commune davantage que la santé individuelle qui envahit nos réflexions. Nous avons appris à ajuster nos comportements pour prendre soin des autres, de tous les autres. La santé de tous appelle à la solidarité. L’inquiétude sanitaire s’est doublée d’une inquiétude sociale et économique pour le présent et pour le futur. L’individualisme recule face aux impératifs collectifs. Nous nous intéressons à ce qui se passe en dehors de nos frontières pour résister à la tentation d’un égoïsme vaccinal qui nous pousserait à échapper au mal avant les autres.

         L’Évangile ne parle ni d’épidémie, ni de masque, ni de vaccin. Mais il parle d’amour et de fraternité. « Aimez-vous les uns les autres ». Cela suffit à entretenir et à renforcer notre bienveillance pour tous. L’Évangile nous invite aussi à la prière. Quel peut être le sens de cette prière ? Chacun parle à Dieu comme il le souhaite. La plupart ne pensent pas que Dieu peut instantanément arrêter la circulation d’un virus. Mais il peut regarder avec compassion la détresse de ses enfants et mettre dans le cœur de chacun, scientifique, décideur, citoyen, homme et femme de bonne volonté, un ardent désir de faire tout ce qui est possible à son niveau pour réduire un mal dont les conséquences deviennent trop lourdes pour beaucoup.

Vincent Boggio

7 février 2021