Il est venu habiter parmi nous – homélie du 25 décembre 2020 – Noël

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Il est venu habiter parmi nous

 

        Quelle drôle d’idée de la part de Dieu de désirer venir habiter notre terre ! Alors qu’Il était si bien dans son univers, dans les cieux, à l’abri de tout péril, le voilà qu’Il vient habiter parmi nous, sans craindre les vicissitudes de notre humaine condition. Bien sûr Il n’est pas venu à Noël 2020, en pleine pandémie de Covid 19, mais je ne suis pas sûr que la période où Il a choisi de venir fût meilleure que la nôtre. D’ailleurs naître dans une étable, sous un régime dictatorial comme celui du pouvoir romain ne devait pas être bien attrayant. C’est donc dans notre histoire humaine qu’Il a choisi de venir : Il veut habiter parmi nous. S’il a accepté de naître dans une pauvre mangeoire à animaux, certainement voulait-il ainsi éviter d’être enfermé à tout jamais dans un palais particulier, là où on aurait pu l’honorer, le vénérer, et l’approcher uniquement selon un protocole discriminatoire. En venant dans notre vie, Il se fait l’un de nous, Il se mêle à notre histoire, comme elle est. Je dirais qu’Il ne craint pas d’aborder son masque de protection, car Il est là au milieu de nous.

        C’est cela qui peut nous réjouir aujourd’hui, même si le contexte, les incertitudes sur l’avenir plombent notre moral. Cela nous réjouit d’autant plus qu’il est apparu sous les traits d’un nouveau-né, le plus fragile et vulnérable des humains. Oui ce petit bébé couché dans la crèche nous dit que tout espoir n’est pas perdu. Sur tout nouveau-né en effet se portent une multitude d’espoirs, de promesses de la part de ses parents. Ce sont les mêmes espérances, les mêmes attentes qui se portent sur ce bébé couché dans cette mangeoire de la part de tous ceux qui viennent aujourd’hui le contempler dans sa nudité, dans sa fragilité extrême. Et en voyant ce bébé, comment ne pas penser à toutes ces petites perles qui jalonnent nos journées et nous font tenir dans l’adversité : une visite inattendue, un sourire, un compliment, une petite réussite, un nouvel amour, une belle rencontre, et tant d’autres moments fugaces mais tellement vitaux ?

        De ce fait nos propres fragilités, révélées entre autres par cette pandémie qui s’est abattue sur notre humanité cette année, peuvent laisser place à un renouveau possible dans nos cœurs, et pourquoi pas dans notre vivre-ensemble, et même dans nos institutions. Comme chrétiens n’avons-nous pas la responsabilité de mettre en valeur ces petits riens de bonheur et de casser ainsi la toute-puissance malfaisante de nos amertumes partagées dans nos conversations ou sur les réseaux sociaux ? Je crois vraiment que c’est ce désir enfoui au fond de nous qui nous a fait nous déplacer en ce jour et nous unir aux chants des anges ; ils louaient dans cet enfant de la crèche Dieu qui vient habiter parmi nous et nous accompagner sur nos routes humaines.

André Jobard