« Il était croyant, pas pratiquant » – homélie du 2 novembre 2021 – messe des défunts

télécharger au format pdf

 

    « Il était croyant, pas pratiquant »

 

        « Il était croyant, pas pratiquant. » Cette phrase, ceux et celles qui assurent à La Visitation la délicate mission de l’accompagnement du deuil l’entendent souvent. Elle rappelle une classification simpliste de sociologues et de sondeurs qui rangent les gens dans des cases pour calculer des pourcentages.

         « Il était croyant, pas pratiquant. » C’est dit parfois avec humilité, comme une excuse teintée d’inquiétude. On croit entendre : « Est-ce que l’Église voudra bien accueillir pour un dernier hommage, une simple bénédiction, une petite prière, notre père, notre épouse, notre ami qui s’était pourtant éloigné d’elle. » J’espère que nous avons su vous rassurer et que l‘hommage rendu a été à la hauteur du sacré de toute vie humaine. Pour lui, pour elle, comme pour toutes ses créatures, le Seigneur est tendresse et miséricorde. Quant à la pratique, Jésus nous a dit et redit que celle qui avait du prix aux yeux de son Père, notre Père, c’était la pratique de l’amour. Il est bien rare – est-ce même possible ?  – qu’une vie n’ait jamais été teintée d’amour. Dans la petite salle de la paroisse où vous avez osé déposer votre peine et murmurer votre espérance, nous avons entendu de belles histoires d’amour.

         « Elle était croyante, pas pratiquante. » « Croyante ! Mais à quoi, en qui ? » avons-nous pu risquer. La question est souvent restée sans réponse. « Il n’en parlait pas », « Elle était réservée là-dessus », « C’était de l’ordre de l’intime. » Mystère du cœur humain, de la relation de chacun à Dieu, relation vécue de l’intérieur, là où Dieu se tient blotti en silence pour partager nos joies, entendre nos peines, nos inquiétudes et nos colères, nous parler d’amour et éclairer notre conscience pour nous envoyer vers les autres, nous tirer vers le haut, nous pousser à choisir le bien et à le retrouver en toute chose.

         Ensemble nous avons ouvert la Bible, cette histoire de Dieu et des hommes où Dieu se révèle, se fait connaître et nous assure de sa fidélité indéfectible même quand nous lui tournons le dos. Nous y avons croisé d’autres croyants, Isaïe, Paul, Jean, le psalmiste ou encore Job, ce croyant éprouvé qui résiste au doute et que nous venons à nouveau d’entendre crier son attachement à Dieu. Ils nous ont proposé leur confiance et leur espérance. Dans la Bible, nous avons écouté Jésus, le fils de Dieu, qui a visité son peuple il y a 2000 ans, qui a connu le deuil, la souffrance et la mort et qui est désormais Vivant à jamais pour nous conduire sur son chemin.

         Aujourd’hui encore il nous invite à rester debout, à veiller, à nous tenir prêt à le découvrir chaque jour en tout homme qui a besoin de nous jusqu’au jour où c’est lui qui nous accueillera à sa table pour nous servir dans la vie éternelle.

Vincent Boggio

2 novembre 2021