Jésus Christ-Roi ? Soit ! Mais …

Ce petit livre est le calendrier liturgique 2021. Dimanche prochain il sera remplacé. Nous entrerons dans une nouvelle année liturgique. Sans surprise ! La Toussaint sera le 1er novembre et Noël le 25 décembre. Comme d’habitude Pâques fait l’original, puisque sa date dépend de la pleine lune de printemps ! Mais on s’adaptera.

Le cycle annuel de la liturgie nous aide à prier et célébrer notre Dieu, à relire la Bible, à évoquer les saints qui nous ont précédé dans la Foi (et à envoyer un texto aux amis qui portent leur prénom) et surtout à revisiter l’histoire de Jésus pour l’intégrer dans nos vies en nous étonnant de trouver tout au long de l’année du nouveau dans une Bonne Nouvelle que nous croyions bien connaître.

Dans ce calendrier il y a 4 fêtes qui présentent Jésus-Christ sous un angle particulier. Frères et sœurs avec nos différences, nous sommes plus ou moins sensibles, les uns a la fête du Corps et du Sang du Christ (Jésus présent dans l’Eucharistie), d’autres à celle du Sacré-Cœur de Jésus (Jésus débordant d’amour), ou celle de la Divine Miséricorde (Jésus dont la bonté est infinie) ou encore au Christ-Roi, la fête d’aujourd’hui.

Pie XI l’a créée en 1925 dans un contexte politique particulier comme remède au développement de doctrines dont il craignait qu’elles nuisent à la Foi chrétienne.

Pourtant Jésus n’a pas voulu être roi. Il ne s’est pas opposé à l’autorité du roi Hérode, ni à celle de l’empereur. Après la multiplication des pains il s’est dérobé quand la foule voulait l’enlever pour le faire roi. Quand Pilate lui dit « Alors, tu es roi ? » il ne répond pas « oui » mais « C’est toi-même qui dis que je suis roi ». De sorte que pour certains il a dit qu’il était roi, et pour d’autres il ne l’a pas dit ! En tout cas, ce n’est pas lui qui a rédigé l’écriteau : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ».

Alors Jésus Christ-Roi ? Soit ! A condition de ne pas limiter son royaume à l’Église, mais de l’ouvrir à l’Univers, comme l’a proposé Paul VI et de ne pas le mettre sur un trône, entouré de sa cour, au-dessus de ses sujets.

En effet c’est dans des termes renversants que Celui qui est mort entre deux bandits, exposé aux insultes et aux moqueries de la foule, parle de sa place dans ce royaume : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. J’étais nu, et vous m’avez habillé. J’étais étranger, et vous m’avez accueilli. J’étais en prison, et vous m’avez visité ».

Dans ce programme pas très électoral, il y a deux parties différentes.

La première, c’est « donner à celui qui n’a pas ». Donner de son surplus, à l’instar des riches de l’évangile de l’autre dimanche, ou donner de son nécessaire, comme j’ai vu des pauvres le faire sans se poser de question, simplement parce que la vie d’autres pauvres en dépendait.

La deuxième, c’est « être avec ». Vivre avec, avec tous ceux avec qui nous n’avons pas spontanément envie de nous mélanger, de nous frotter ! Les inviter chez nous et être invités chez eux, simplement, non pas en les regardant avec condescendance, mais comme des frères en admirant Dieu en eux. Même le paumé, le délinquant ou réputé tel, celui que critiquent ou dont ont peur tous les gens bien intentionnés, comme disait Brassens.

Jésus s’identifie à celui que tout le monde méprise ; à celui qui ne sent pas comme moi ; à celui que je ne voudrais pas avoir comme voisin ; à celui que je ne veux pas regarder. Plus profondément, à celui que je ne voudrais pas être, mais que j’aurais pu être – mon frère.

Alors, comment dire son royaume ? Peut-être ainsi : A quiconque a assez de confiance (de foi) pour ouvrir la porte, franchir le seuil ou laisser entrer, pour accueillir et se laisser accueillir, sont données une joie et une paix qui dépassent tout ce qu’on peut imaginer.

C’est tout ce que je me souhaite ; tout ce que je nous souhaite.

Vincent Boggio et Pierre Morlon
(21 novembre 2021)