Jésus, homme au milieu des hommes – homélie du dimanche 13 janvier 2019

        « En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente ». Comment ne pas penser en entendant ce constat, à notre pays en attente très forte d’une solution durable à la crise sociale qu’il traverse en ce moment ? Le grand débat annoncé va-t-il déplacer les foules aussi nombreuses que celles se pressant auprès de Jean le Baptiste ? Nous le saurons dans quelques semaines, mais d’ores et déjà nous ne pouvons que constater cette attente de tout un peuple et peut-être être saisis d’une certaine inquiétude.

        Or aujourd’hui nous découvrons que Celui que nous avons adoré dans la crèche vient rejoindre ces foules, vient partager leur désir d’un monde plus juste, plus équitable et surtout plus porteur de sens. Il vient se plonger dans la vie de ses contemporains, pour se laisser purifier par cette eau du Jourdain, qui dans la spiritualité juive était synonyme de libération. Une libération renouvelée par ces trois éléments qui attestent la pertinence de la présence de Jésus à ce baptême : l’ouverture du ciel, lieu de résidence des dieux, la descente de l’Esprit Saint indiquant le lien rétabli avec Dieu, et la voix proclamant la filiation de Jésus : il est vraiment fils de Dieu. Oui Jésus, au moment où il se fait l’un de nous, où il partage notre humble condition humaine, est reconnu comme l’envoyé du Père, comme le Messie attendu depuis si longtemps. C’est donc lui, et lui seul qui va combler l’attente fébrile de ce peuple.

        Tout cela est très beau, me direz-vous, mais comment transmettre ce message de Jésus sauveur à nos contemporains, en attente ? Cette semaine eut lieu le procès du cardinal Barbarin, figure de l’Église de France ; derrière sa personnalité et sa responsabilité, c’est toute l’Église qui était donc appelée au tribunal. Au-delà des considérations juridiques, des reproches, des accusations, des plaidoiries, on pouvait espérer un aveu de faiblesse commise par toute l’institution, dont nous sommes tous responsables, le cardinal Barbarin compris. L’Église a-t-elle donné le visage d’une institution qui ne cherche pas d’abord à se justifier, mais en revanche qui reconnaît sa faiblesse, son péché ? L’avenir le dira. Cela pour dire l’importance d’épouser, comme disciples de Jésus, son attitude d’humilité, qui va jusqu’à se rendre solidaire de ses frères et sœurs pécheurs. Les chrétiens sont vraiment attendus sur cette exigence de ne pas se situer en hommes et femmes irréprochables, mais comme tout le monde capables du meilleur comme du pire. Ne serait-ce pas là que pourrait prendre sens le sacrement de la réconciliation ? Ce lieu où nous nous reconnaissons à l’égal de nos frères et où nous pouvons leur témoigner le signe de la réconciliation avec Dieu qui efface tout péché et nous délivre de toute culpabilité.

        Laissons à Paul le soin de nous rappeler les conséquences de notre baptême : renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. » Tout est dit, tout reste à faire, mais (c’est encore saint Paul qui le dit ): « par le bain du baptême, il nous fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint ». Alors, mission impossible ?

André Jobard