L ‘Ascension : la résurrection accomplie
Aujourd’hui je suis habité d’une prétention inhabituelle : j’ai envie de vous parler de ce qui se passe après la mort, comme si je le savais plus que vous : c’est la fête de l’Ascension qui a suscité en moi ce désir. J’entends souvent des personnes dire : « après ma mort je vais retrouver mon mari, mes parents, mon enfant trop tôt disparu… » légitime et bien compréhensible attente. Ce qui sous-entend que nous rêvons de revenir à ce que nous aurons vécu sur terre, allant même jusqu’à reprendre nos vieilles habitudes dans une existence confortable libérée de tout souci… Avec peut-être parfois cette interrogation : « est-ce qu’on ne va pas s’ennuyer à être constamment en adoration devant Dieu ? »
C’est ainsi que la résurrection de Jésus a pu être vécue par ceux qui en ont été les témoins : un retour à la vie antérieure, une reconstitution du passé. C’est d’ailleurs ce qu’expriment les apôtres qui vont jusqu’à dire : « bon maintenant n’est-il pas temps de s’attaquer au vrai problème : la libération du joug romain et l’instauration du royaume d’Israël ? » Or c’est à ce moment où ils rêvent tout fort que Jésus les quitte définitivement. Voilà une invitation à lire autrement la résurrection de Jésus et par conséquent la nôtre, puisque nous sommes son corps. Et c’est ici que la fête de l’Ascension a toute sa place.
Ascension : spontanément on pense à élévation physique, ascension du Mont Blanc par exemple, ou bien ascenseur pour atteindre l’étage d’un bâtiment, et bien sûr l’avion qui monte dans le ciel pour franchir les océans. Sans oublier les fusées qui nous transporteront sur Mars ou autres planètes : c’est ainsi qu’avaient compris mes premiers élèves de catéchisme, à qui, tout jeune séminariste j’avais pourtant tenté d’expliquer le sens second de l’ascension : ils avaient dessiné des fusées ! Mais on parle aussi d’ascenseur social, pour évoquer une promotion au travail, dans l’habitat, dans les responsabilités, y compris dans l’Église (où le carriérisme n’est pas absent!). Cela peut nous permettre de comprendre que la résurrection de Jésus n’est pas un simple retour à la vie antérieure mais une transformation de tout son être. Assis à la droite du Père comme nous le chantons aujourd’hui, il réalise ainsi sa vocation première, celle de tout être humain appelé à s’ouvrir à l’immensité de l’amour, tel qu’il l’a vécu lors de sa vie terrestre. Et le nom de cet immense amour, c’est Dieu lui-même ; et donc être assis à la droite de Dieu, c’est être tout près de l’amour. Jésus nous entraîne avec Lui dans cette ascension et nous communique sa force, son Esprit, pour, selon sa dernière instruction aller, aller vers les autres, aller témoigner de la puissance de l’amour, à travers l’amour que nous aurons les uns pour les autres.
Et nous savons combien l’amour est source d’une vraie joie ; surtout si celui-ci requiert une démarche de pardon, de vérité, de sortie de son confort : un avant-goût du paradis, car aimer son prochain, surtout celui qui est dans le besoin c’est aimer Jésus qui s’est reconnu dans le plus pauvre des hommes. Et au paradis l’amour, qui peut-être nous engagera encore, nous comblera bien au-delà des attaches familiales, même si celles-ci peuvent demeurer.
Nous voilà revenus à notre question de départ, où nous nous demandions quelle tournure prendrait la promesse de la résurrection. Bien malin celui qui s’aventure sur ce terrain : une seule chose est certaine que nous rappelle l’Ascension de Jésus. A travers ce texte splendide de la lettre aux Éphésiens, Paul annonce ceci : notre vie sera totalement transformée et nous serons comblés de l’amour infini dans lequel vit Jésus ressuscité, présent tous les jours jusqu’à la fin du monde.
André Jobard
18 mai 2023 Ascension