La joie de l’évangile – homélie du dimanche 8 septembre 2019

        Hier soir, j’ai envoyé un mail à Dieu, à Jésus, au Pape, dans lequel je crie ma lassitude à devoir chaque dimanche prêcher à partir de textes d’évangile de plus en plus exigeants, rabat-joie, d’autant plus que nous sommes en période de rentrée, de fin de vacances avec en arrière-fond une météo automnale. J’ai eu une seule réponse, celle du Pape ; il faut dire que la communication avec lui est plus facile qu’avec celle des habitants du septième ciel. Et le pape a mis comme titre à sa réponse à ma question : la joie de l’évangile. Alors j’ai pris mon bâton de pèlerin et je suis parti à la recherche de motifs de joie dans ces textes que nous lisons tous ces dimanches et qui nous semblent si rébarbatifs.

        La première constatation a été de relever que Jésus nous propose de devenir son disciple, son ami : ce n’est pas rien que de devenir disciple d’un être si exceptionnel, de pouvoir écrire sur sa carte de visite « ami de Jésus » ; c’est ainsi qu’on peut être propulsé à des hauteurs infinies.

        Mais ce n’est qu’une proposition : personne n’est obligé de suivre Jésus. Ce qui me fait dire ça, ce sont ces deux petites paraboles, invitant à la prudence et au discernement avant de faire un choix. On a le droit de renoncer si on s’aperçoit qu’on n’arrivera pas au but. Mieux vaut s’arrêter pendant qu’il est encore temps que de s’arrêter en chemin, faute de moyens de remplir les exigences demandées. Nous sommes très loin d’un Jésus, gourou qui voudrait avoir une emprise sur les consciences, qui exercerait le chantage ou la séduction pour avoir à tout prix des disciples à la psychologie défaillante. C’est là le deuxième motif de joie : liberté de choisir.

        Mais on retrouve alors les expressions qui font peur : préférer Jésus à ses propres parents, renoncer à tous ces liens familiaux qui sont pourtant si nécessaires, et comble du comble, renoncer à sa vie et porter sa croix. Et pourtant des croix nous en portons déjà assez : des souffrances de toutes sortes, des échecs, des ruptures, faut-il donc chercher encore une autre croix ? Non et non, ce sont nos croix quotidiennes que nous sommes invités par Jésus à porter autrement que comme un supplice. En les portant avec Jésus, elles prennent une autre saveur, elles ne bouchent plus l’horizon, elles ouvrent à un avenir. Car c’est cela que Jésus souhaite pour nous, que nous sortions de nos peurs de l’avenir, de nos jugements qui condamnent, de nos désespoirs. Nous sommes en présence d’un homme, habité par le souffle créateur de Dieu, le souffle libérateur, tel qu’il s’est révélé au matin de Pâques.

        Voilà donc trois bonnes raisons d’éprouver une joie profonde. Celle-là-même que chante le psaume du jour : « Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. » Au matin de notre fête paroissiale, vivons de cette joie, que nous apporte l’évangile, la bonne nouvelle de Jésus.

André Jobard

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