La persévérance – homélie du dimanche 21 février 2021

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        La persévérance

         Persévérance : j’ai tendu l’oreille en entendant cette semaine à la radio ce mot, me demandant s’il venait pour qualifier ce que pouvait être un bon carême, que nous commençons maintenant. Vous avez compris comme moi qu’il s’agissait en fait de ce véhicule envoyé sur Mars, et qui après 7 mois de voyage spatial à la vitesse de 20000 km/h s’est posé sur la planète rouge. Il lui a fallu en effet de la persévérance pour accomplir cet exploit, et certainement encore plus aux concepteurs et ingénieurs de cet ambitieux programme.

         Persévérance : il nous en faut à l’heure actuelle où la situation sanitaire nous impose des mesures contraignantes, bousculant nos projets et notre vie sociale. Il semble que le moral des français et plus largement de tous les humains est bien bas. Or comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’au cœur de cette actualité morose, l’Église nous invite au carême ; dans notre imaginaire, carême est synonyme de tristesse, de pénitence, d’effort. «  Au secours, la coupe est pleine », avons-nous envie de crier. Est-ce une bonne lecture de ce qu’est le carême? Je ne le crois pas.

         J’en veux pour preuve ce que nous venons d’entendre comme parole de Dieu, que je lis comme une parole d’espérance. L’histoire de Noé, nous connaissons, moment de l’histoire où tout semble perdu ; il y a cette encourageante promesse de Dieu de se souvenir de son alliance avec son peuple « il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre ». C’est un engagement fort de Dieu à l’égard de sa création. Et Jésus dans le désert, tenté bien-sûr de se sortir de cette impasse par lui-même, par ses propres moyens, voilà que parmi les bêtes sauvages, les anges le servaient. Belle expression pour traduire l’expérience qu’il fait de la proximité de Dieu dans sa condition difficile.

         Pendant tout le carême, le CCFD-Terre Solidaire nous propose de relire à frais nouveaux l’encyclique du Pape François Laudato Si, et aujourd’hui nous sommes invités à contempler et à aimer la création, un bien commun à respecter. L’équipe de fleurissement de l’église, l’équipe du ménage (la Fée du logis) et l’équipe des sacristains ont été appelées à soutenir notre prière, car nous reconnaissons combien leur travail contribue à la beauté de la création ; qu’elles soient remerciées chaleureusement.

         Et si le carême était le temps de la contemplation de cette nature, qui a encore donné une image de sa beauté par la neige tombée ces derniers jours et par les premiers signes avant-coureurs du printemps ? Et s’il était aussi bien sûr le temps de retrouver la joie de la rencontre avec tous ceux qui habitent cette maison commune, expression de notre pape pour signifier notre appartenance à une même humanité. Et Pierre dans sa lettre que nous avons lue rappelle que le baptême est l’engagement d’une conscience droite. Autant dire combien nous ne pouvons pas rester passifs devant les questions vitales posées à notre génération.

         Alors pour cela il nous faut de la persévérance (on y revient) pour ne pas baisser les bras devant les contrariétés qui se présentent à nous. Je traduirais ce mot par celui de foi, foi qui doit nous animer, foi que nous avons reçue à notre baptême. Quelle soit revivifiée par ce carême que nous entreprenons, pour qu’à la nuit de Pâques nous puissions proclamer en vérité notre attachement à ce Jésus mort et ressuscité.

André Jobard

21 février 2021