La tendresse du lavement des pieds – homélie du Jeudi Saint – 1er avril 2021

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La tendresse du lavement des pieds

 

         « Prendre soin », c’est la proposition du conseil pastoral qui nous accompagne tout au long de l’année. Inscrite au-dessus de l’autel, elle nous accueille quand nous entrons dans l’église.

         « Prendre soin », ce n’est pas une idée nouvelle. C’est une préoccupation quotidienne pour les malades et ceux qui les aident. Mais jamais autant que cette année, à travers des signes concrets, la distanciation, le masque, le gel, nous prenons soin de tous. Tantôt nous le faisons plutôt pour nous protéger, tantôt nous pensons plutôt à protéger les autres. Quand nous quittons un ami en lui disant « prends bien soin de toi », nous l’incitons aussi sans lui dire à prendre soin des autres !

         Nous venons de lire l’étonnant récit du lavement des pieds où Jésus le Maître prend la place du serviteur et nous invite à être serviteur les uns des autres. C’est ainsi que l’on interprète habituellement le geste de Jésus, son explication et son commandement bien qu’à aucun moment il ne parle de « service » ni de « serviteur ». A travers son dialogue avec Simon Pierre, il donne d’ailleurs à son geste un autre sens, celui de la purification. Mais il ne semble pas qu’il propose à ses disciples de donner ce sens à leur geste quand ils le referont entre eux.

         Hier j’ai participé avec joie au rite du lavement des pieds au foyer du Sarment dans la communauté de l’Arche à Dijon. Depuis sa création c’est un rite essentiel pour la communauté. Il est apprécié par les personnes accueillies avec un handicap mental et il est découvert avec étonnement par les nouveaux assistants qui partagent la vie de ces personnes et qui ne professent pas tous la foi des chrétiens. C’est un rite communautaire, un rite de partage, qui abolit toute différence dans les rôles et les fonctions des participants. Chacun y trouve le sens qui lui convient.

         En me faisant laver les pieds par Yannick je n’ai pas pensé ni au service ni à la purification mais j’ai senti de la tendresse, la tendresse des mains qui caressent la peau, une tendresse échangée et partagée alors que les gestes d’amitié habituels et les étreintes sont impossibles.

         Jésus n’a pas expliqué son geste avant de le faire. On imagine la surprise des disciples quand ses mains se sont posées sur leurs pieds et surtout quand il les a essuyés avec un linge. A Jérusalem, il fait si chaud qu’il est inutile d’essuyer les pieds lavés. Ce linge caressant, c’est le signe de la tendresse. Jésus communique à chacun la tendresse de son Père, si souvent chantée dans les psaumes.

         Le service et la tendresse sont tous deux des déclinaisons de l’amour. « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». En communiant au Corps du Christ, en le recevant sur la paume de nos mains, prenons le temps de savourer cette tendresse, cet amour d’un Dieu qui se donne à nous.

Vincent Boggio

1er avril 2021