La vérité sur Dieu, un long chemin – homélie du dimanche 12 juin 2022 – Trinité

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La vérité sur Dieu, un long chemin

« Consubstantiel » : vous savez que ce terme, introduit dans le Credo du nouveau missel a créé une certaine polémique : outre le fait qu’il n’est vraiment pas du langage courant, il subit les reproches de ceux qui pensent qu’est bien ténue la différence avec l’ancienne traduction ‘de même nature’. Tout cela pour dire que l’approche du mystère de la révélation de Dieu n’est pas simple à exprimer, ce que Jésus en personne avait pointé en prévenant ses disciples qu’il avait encore beaucoup de choses à leur dire, mais que pour l’instant ils ne pouvaient pas comprendre. Tout au long de l’histoire de l’Église, existent des tentatives pour pénétrer plus avant dans l’identité de Dieu : ce sont les dogmes qui semblent immuables, mais toujours inscrits dans des expressions verbales de l’époque, elles-mêmes fragiles et donc changeantes.

C’est pourquoi j’aime cette expression de Jésus : « quand Il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité toute entière ». Je l’aime bien parce qu’il est question de nous conduire, et donc de chemin. C’est le chemin de la vie, sur lequel nous guidera l’esprit ; il nous ouvrira le passage, il nous relèvera si nous tombons, pour ne pas que nous restions sur nos échecs. On peut penser aussi à la marche des Hébreux dans le désert, qui étaient conduits par la nuée, c’est-à-dire la présence de Dieu. Car Dieu se laisse découvrir dans les événements de notre vie, événements heureux ou douloureux, personnels ou collectifs, car rien de ce qui fait la trame de nos vies n’empêche l’Esprit de Dieu de travailler en nous.

Il est capital de nous rappeler cela en ces temps troublés que nous traversons. Le doute, la méfiance, le repli sur soi peuvent s’installer en nous et ainsi arrêter notre marche. A quoi bon alors aller voter aujourd’hui ? A quoi bon vouloir se défoncer pour les autres quand il semble qu’il n’y a pas de retour de leur part, à quoi bon prier puisque depuis le temps que l’on prie pour la paix, la guerre ne cesse de faire ses ravages ? Agir et réfléchir ainsi ne peut mener qu’à la fermeture de l’âme, du cœur à l’action de l’Esprit Saint en nous. C’est enfermer Dieu dans l’image d’un Dieu solitaire, qui se désintéresserait totalement de l’avenir de l’homme ; ce serait nier la Trinité, qui est précisément la révélation d’un Dieu amoureux de la vie, du bonheur de chacun. C’est bien ce qu’avait compris le psalmiste quand il chante « à voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? »

Alors, consubstantiel ou pas, le Dieu révélé par toute l’histoire biblique, et par Jésus, est ce Dieu Trinité qui ne nous abandonne pas, qui est en recherche constante d’alliance, ‘trouvant ses délices avec les fils des hommes’. Magnifique expression d’un croyant vivant plusieurs siècles avant Jésus-Christ qui avait compris que Dieu était un être de relations, un Dieu trinité.

André Jobard
12 juin 2022