La vie nous appelle à voyager – homélie du dimanche 30 juin 2019

        « La vérité se trouve au-delà des montagnes, pour la connaître, il faut voyager ». Voilà une parole de la sagesse africaine, qui trouve bien sa place dans notre liturgie d’aujourd’hui, comme dans notre actualité où sonne l’heure des vacances, des voyages, du moins pour un certain nombre d’entre nous. Oui, voyager, c’est quitter nos lieux habituels, nos demeures confortables peut-être pour des abris de toile, et plus sérieusement c’est vivre un changement, à l’image de tous ces déplacements que la vie nous amène à vivre. Des changements qui nous façonnent, qui nous construisent, qui peuvent être douloureux sur le coup, mais qui peuvent engendrer une paix véritable quand ils sont vécus dans la confiance qu’ils seront bons pour nous.

        Et c’est là que nous retrouvons la Parole de Dieu de ce jour, qui parle beaucoup d’appels, comme ceux lancés par Élie ou par Jésus. Et je mettrais au centre de cette parole celle de Paul qui recommande à ses lecteurs ceci : «  vous êtes appelés à la liberté, ne revenez pas à vos anciennes pratiques, vivez sous la conduite de l’Esprit ». Au sujet de l’évangile on a pu lire les propos de Jésus comme des appels à des renoncements spectaculaires, comme nous nous représentons ces missionnaires qui quittaient leur pays, leur famille à tout jamais pour aller aux extrémités du monde. La consigne de Jésus adressée à celui qui veut le suivre et lui demande seulement d’aller enterrer son père nous semble inhumaine puisqu’il lui dit « laisse les morts enterrer leurs morts ». Cela peut nous faire penser à l’appel au djihad qui a lancé des jeunes innocents dans la sinistre aventure que nous connaissons. Si saint Luc, l’évangéliste de la miséricorde a pris soin de mentionner cette exigence de Jésus, c’était pour nous montrer que c’est la vie elle-même, qui jour après jour suscite ces appels nombreux, variés ; appels qui exigent des renoncements nécessaires, des passages à vivre difficiles. C’est ce qu’a vécu Jésus qui est monté à Jérusalem, parce que tout simplement c’est là qu’il voulait porter son message d’amour universel, Jérusalem, la ville de tous les dangers, mais aussi la ville où il sera glorifié, c’est-à-dire vainqueur de la mort et totalement vivant.

        A cette période de l’année, beaucoup de jeunes ont à choisir une orientation scolaire, universitaire, professionnelle. Ils entrevoient, en les redoutant ou en les souhaitant, les renoncements auxquels ils devront consentir. Certains parmi nous vont aussi devoir vivre des changements importants au niveau de leur logement, de leur métier. Certains vont devoir quitter une activité bénévole, d’autres vivre une rupture familiale. Changer ce sera pour d’autres passer du stade de bonne santé à l’installation durable d’une maladie ou d’un handicap. Que cela soit vécu dans la sérénité ou dans la peur de l’avenir, rappelons-nous cette consigne qui traverse toute la parole de Dieu d’aujourd’hui, et qui veut être une bonne nouvelle : ne regardons plus en arrière, vivons ces changements, ces ruptures comme des appels à une vie en abondance, en compagnie de Celui qui a pris le chemin de Jérusalem, le visage déterminé, nous dit saint Luc.

        La vérité se trouve au-delà des montagnes, pour la connaître il faut voyager.

André Jobard

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