L’autorité du prédicateur – homélie du 31 janvier 2021

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L’autorité du prédicateur

 

        Les partisans du célibat des prêtres ont parfois usé des recommandations de Paul pour reprendre son affirmation « celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, alors que celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur ». Comme si les choses se partageaient ainsi. Célibataire moi-même, je ne pense pas être totalement libéré des affaires du monde, que ce soit pour les services de ma propre habitation (le ménage, la cuisine, la vaisselle, les courses, le linge), ou pour mon argent, pour ma santé en ce temps d’épidémie ; quant au souci de plaire à une femme, je garde le souci d’être plaisant à tous.

         Pourquoi vous dire tout cela ? Parce que je suis pris de jalousie pour Jésus dont la parole est reconnue comme venant d’un homme qui a autorité, et parce que ses auditeurs étaient frappés par son enseignement. Il en a de la chance, ce Jésus. Alors je me suis posé la question : « comment ma parole va-t-elle faire autorité ? » Pourquoi pas alors recourir à saint Paul, et pour une fois l’homélie peut se détacher de l’évangile pour se concentrer sur la deuxième lecture. Oui Paul parle aussi avec autorité, même quand ses propos nous semblent bien curieux. Pourquoi donne-t-il le sentiment qu’il vaut mieux être célibataire plutôt que marié ? Y aurait-il une situation matrimoniale plus vertueuse que l’autre ? Allons au fond de la pensée de Paul : peu importe, dit-il, qu’on soit célibataire ou marié, l’essentiel est de rester attaché au Seigneur sans partage : tout un programme de vie que selon les vocations, les uns s’efforcent de réaliser dans le mariage et les autres dans le célibat. Le contexte de Corinthe, ville cosmopolite et port important où se retrouvent toutes sortes de populations aux mœurs douteuses, explique pourquoi Paul estime le célibat plus apte à vivre la fidélité au Christ. Mais il ne perd pas de vue l’absolu, qui n’est pas le célibat, mais l’attachement au Seigneur.

         Et c’est peut-être cela que nous devons retenir de cette parole de Dieu : la fidélité à Jésus qui ne s’est pas contenté de parler, de commenter la Bible, mais a libéré l’homme tourmenté par un esprit impur. (cf l’évangile de ce jour). Et pour lui, c’est cela le plus important, délivrer ce malade, plutôt que de révéler son identité de fils de Dieu. Il impose le silence pour que ses auditeurs ne se trompent pas sur ce qu’il est, non pas un guérisseur, mais un libérateur de ce qui pourrit le cœur humain. Suivre Jésus, le prophète issu de nous, homme au milieu de nous, annoncé par Moïse, c’est croire qu’il marche encore avec nous, en ce temps de désert que nous traversons du fait de l’épidémie du Covid. Oui, Il est encore là, même si me le ferait oublier mon impatience actuelle, partagée par beaucoup qui rêvent d’un retour à la normale. L’autorité de notre parole de chrétiens viendra de la cohérence entre notre proclamation de foi en Jésus et notre bienveillante attitude de patience, de confiance et d’espérance.

André Jobard

31 janvier 2021