Le règne de Dieu, il est là
« Encore 40 jours, le temps est limité, les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ». Voilà bien des expressions qui nous font dire qu’il y a urgence, qu’il va se passer quelque chose, mais quoi au juste ? Certains gourous tout au long de l’histoire depuis Jésus Christ se sont arrêtés à la lettre de ces paroles, en prêchant qu’il fallait toutes affaires cessantes se mettre en prière et attendre dans la crainte le retour du Messie ; d’autres ont assimilé au règne de Dieu leur projet politique et ont cru avoir la bénédiction de Dieu en forçant les personnes, les peuples à adhérer à leur pouvoir. Est-ce cela que la parole de Dieu veut nous faire entendre aujourd’hui ? A la façon dont je pose la question vous comprenez qu’il n’en est rien.
Ce règne de Dieu, tout proche, qui devrait nous stimuler, souvent nous le réduisons à nos rêves, à nos propres projets. Nous rêvons en effet de la paix entre les nations en guerre, nous rêvons d’une France plus harmonieuse, nous rêvons d’un travail épanouissant pour nous-mêmes ou pour notre enfant, nous rêvons d’une guérison, d’une bonne entente familiale, d’une paroisse plus vivante, plus accueillante, plus priante. Nous rêvons d’être à l’abri de tout danger, et pourquoi pas d’être immortels. Tout en constatant, désabusés, que ce règne de Dieu il est encore loin. Or nous dit Jésus, il est tout proche, il est peut-être là où vous avez l’impression de peiner le plus, et de ne rien récolter.
Et c’est à ce moment que l’appel des premiers disciples est instructif. La formule, qui m’a longtemps séduit, « je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » dit bien à ces hommes qui vivaient de la pêche, qui avaient le souci du quotidien, de la rentabilité de leur activité, que tout en continuant leur métier de pêcheur ils pourront vivre une autre dimension en mettant devant eux non plus leurs préoccupations, même légitimes, mais Jésus, le Christ. C’est vraiment un appel à se mettre, comme lui, au service de l’homme, au cœur-même des activités les plus ordinaires. On peut l’être tout en étant plombier, routier, professeur, cadre commercial ou administratif, chômeur, retraité, femme ou homme à la maison, malade étendu sur son lit de souffrance, jeune en études, prêtre. Ce qui compte désormais c’est de ne plus faire de son travail, de ses préoccupations, même les plus louables, un absolu. Certainement un appel qui sonne juste, puisque ces hommes aussitôt suivent Jésus.
Un appel que nous entendons encore ce soir : une chance, et non une source de culpabilisation. Que cela nous aide à mettre de l’ordre dans nos préoccupations. Cela en vaut la peine : alors pourquoi attendre plus longtemps ?
André Jobard
20 janvier 2024