Le Seigneur reviendra – homélie du dimanche 27 novembre 2022

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Les lectures du jour

Le Seigneur reviendra

Il l’a promis. Ne sois pas endormi cette nuit-là

Les membres des communautés vie chrétienne (CVX) de la paroisse qui ont préparé cette messe, André et Michelle, Roland, Maryse, Marie-Claude et moi-même, avons échangé sur les textes du jour. Nous avons buté sur le passage d’évangile. Le Christ qui choisit de se désigner comme le Fils de l’Homme annonce clairement à ses disciples qu’il viendra sans prévenir. Nous nous sommes souvenus de cette chanson du Père Duval que les anciens ont fredonné dans les années 60 ! Le Seigneur reviendra. Il l’a promis. Ne sois pas endormi cette nuit-là. Cette chanson fait écho aux paroles que nous prononçons tous ensemble, messe après messe, après la consécration, en variant les formules : Nous attendons ta venue dans la gloire, Nous attendons que tu viennes, Viens Seigneur Jésus. C’est clair et net.

Pourtant nous avons constaté ensemble que nous avions du mal à y croire, que cette venue annoncée et proclamée du Christ n’était pas pour tous un élément majeur de la Foi. A ce qui peut paraître un manque de Foi, nous pouvons trouver quelques explications.

Pour les premiers chrétiens, c’était du gâteau. Jésus ayant promis son retour, ils s’attendaient à ce qu’il revienne tel qu’il était parti, de préférence à Jérusalem, comme on attend un ami qui s’est éloigné quelques années. Mais comme les générations mouraient les unes après les autres sans que Jésus soit revenu, et comme l’Évangile se propageait dans des communautés de plus en plus éloignées de sa base de départ, la date, le lieu, le contexte et la forme de cette nouvelle venue du Christ sont devenues de plus en plus mystérieuses. En rapprochant l’évangile de Matthieu des autres textes du Nouveau Testament, l’Apocalypse de Jean et les lettres de Paul, les théologiens ont proposé plusieurs lectures ou interprétations de cette annonce de la venue du Christ. Rien ne dit d’ailleurs que sa venue se fera dans la chair comme la première fois. Il peut surprendre à nouveau le monde comme il l’a surpris une première fois à Bethléem.

Au fur et à mesure que le temps passe et que nous avançons dans la vie, la rencontre personnelle avec le Christ après notre mort nous apparait plus probable, plus facile à imaginer et même à préparer en redoutant son jugement ou en espérant sa miséricorde infinie, qu’une nouvelle venue du Christ sur une terre qui ne semble pas bien préparée à l’accueillir. Nous interprétons le conseil de Jésus Tenez-vous donc prêts ; c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra, davantage comme un rappel que nous pouvons mourir d’un instant à l’autre, que comme une invitation à se préparer à un face-à-face entre le Christ et son humanité, dans laquelle nous occupons une petite place infime, un sur 8 milliards.

Si la seconde venue du Christ ne nous fait ni rêver ni paniquer, c’est peut-être aussi parce que notre méditation et notre pratique chrétiennes nourries par sa Parole, nous amènent à percevoir la venue du Christ dans les pauvres, dans l’Eucharistie et par sa Parole. Il ne cesse de venir et de faire en nous sa demeure. Il est là. Cela nous suffit.

Finalement en ce premier jour de l’Avent, la plupart d’entre nous se mettent dans l’attente, non pas l’attente de la seconde venue que le Christ a annoncée, mais plus simplement dans l’attente de l’anniversaire de sa première venue il y a 2000 ans. Le défi pour les chrétiens c’est, comme chaque année, de partager avec les autres la joie d’une attente matérielle de la fête de Noël, tout en prenant le temps de se préparer spirituellement à revivre la venue du Sauveur célébrée à la Nativité en rejetant les oeuvres des ténèbres et en revêtant les armes de la lumière. Sans que nous y pensions cette vigilance peut faire coup double car : Le seigneur reviendra. Il l’a promis. Ne sois pas endormi cette nuit-là.

Vincent Boggio
27 novembre 2022