Tombeau vide, église vide – homélie du dimanche de Pâques – 12 avril 2020 (sans messe)

 

        Ce matin de Pâques, Marie-Madeleine s’en va, comme elle en a l’habitude, à l’église de la Visitation pour honorer le Dieu en qui elle a mis sa confiance. Patatras ce dimanche-là, qu’est-ce qu’elle constate ? L’église est vide, personne n’est là, pas même le curé. Tout est mort ; et elle en est à se demander si Jésus n’a pas lui-même déserté ce lieu qui lui est pourtant dédié. Elle s’en retourne toute affolée pour avertir sa voisine, une personne pas très au fait de la religion, mais qui savait bien que c’était Pâques, puisqu’elle avait préparé le gigot d’agneau. Et celle-ci de l’informer qu’il n’y avait là rien d’anormal puisque tout le pays est astreint à un strict confinement à la suite d’une épidémie meurtrière.

        Marie-Madeleine s’est alors demandée comment elle pourrait célébrer Pâques sans office, sans rassemblement de la communauté paroissiale ; alors elle a entendu cet autre mot de Jésus ressuscité, la pressant d’aller annoncer à ses frères qu’ils doivent se rendre en Galilée, car c’est là qu’ils le verront lui le ressuscité. Comme si Jésus n’était plus prisonnier d’un temple, d’une église, il serait là en Galilée, sur cette terre à la réputation douteuse en matière de religion  : il n’est plus à Jérusalem, la ville sainte ; il est au milieu du peuple. Oui le ressuscité veut habiter là où les personnes vivent, souffrent, se réjouissent, il veut les accompagner dans les changements nécessaires pour mieux vivre, pour que s’instaure un monde fraternel.

        D’ailleurs Marie-Madeleine a fait le lien entre cette nouvelle façon de Jésus d’être présent à la vie du monde et tout ce qu’elle voit surgir comme aspirations à changer, comme élan de fraternité, comme redécouverte de liens anciens, de liens parfois déchirés par le temps. « Finalement, se dit-elle, si c’était lui qui est en train de nous ressusciter dans notre épreuve de confinement, dans notre désir d’un monde autre, où la surconsommation laisse place à une vie plus sobre et plus riche d’accueil, de générosité, et de paix ! »

        Quelle découverte pour Marie-Madeleine, et dans son élan, elle est revenue à l’église de la Visitation, toujours fermée et vide, et elle a trouvé un homme heureux : c’était le curé. Heureux non pas de l’absence de messe ce jour-là, mais tout simplement de la foi en Celui qui en ressuscitant Jésus ressuscite nos vies dès maintenant.

André Jobard

Télécharger au format pdf