Le Verbe s’est fait chair – homélie du mercredi 25 décembre 2019 – Jour de Noël

 

        Il était une fois un groupe de catéchisme, où l’animateur, qui était en réalité une animatrice, essayait d’expliquer aux enfants toujours très attentifs (!) cette phrase, avouons-le, quelque peu mystérieuse, que nous venons d’entendre : « le Verbe s’est fait chair ». D’abord il a fallu rappeler aux enfants encore tout imprégnés de leur enseignement scolaire et notamment grammatical, quel était le sens du mot ‘verbe’ ; quant à l’orthographe du mot ‘chair’, je ne vous dis pas la difficulté rencontrée par ces enfants à écrire correctement ce mot. Cette animatrice a eu alors la bonne idée de faire appel au curé de la paroisse qui se trouva tout aussi emprunté à donner une explication limpide et pertinente de cette expression. Je vais tout de même reprendre son commentaire qui va peut-être nous aider à entrer dans le mystère de Noël.

        Tout d’abord, le verbe ; dans une phrase il définit l’action. Si Jésus, Fils de Dieu, est appelé le verbe, c’est peut-être pour nous rappeler que Dieu agit, ne cesse d’agir, et que Jésus est l’action-même de Dieu. La parole de Dieu est agissante : qu’on se rappelle ce mot de la Bible : « Dieu dit, et cela se produit ». Le verbe s’oppose alors au verbiage, qui est une parole creuse, sans effet.

        Ensuite le mot chair ; pas question de la vie chère, ni de la tribune d’un orateur, d’un curé ou d’un professeur d’université. La chair, c’est cette enveloppe qu’est notre corps, enveloppe fragile, mortelle, qui fait de chacun de nous un être sensible, délicat, soumis à des pulsions, un être à respecter et dont on doit prendre soin. Notre émotion est toujours grande de voir un bébé à la naissance, dans sa petitesse, sa dépendance totale, sa fragilité extrême. Et quand ce bébé est couché sur la paille, simplement réchauffé par l’haleine d’un animal, on est encore plus ému.

        Nous avons donc à travers ces quelques mots « le Verbe s’est fait chair » tout le résumé de notre foi chrétienne : celui qui est fils de Dieu, qui habite dans les hauteurs selon l’imaginaire le plus répandu, le voilà qu’il se fait homme, l’un de nous. Il épouse notre humanité, plongée bien souvent dans les ténèbres de la violence, de la guerre, de la suspicion, de l’exclusion. Et saint Jean qui médite sur cette venue du divin dans notre humanité, affirme que c’est une lumière qui brille dans nos ténèbres, qui ne peuvent arrêter cette lumière.

        Oui, en venant ce matin à cette célébration, nous voulons rappeler que quelle soit notre situation, quel que soit l’état du monde (un état bien malade), il y a place à l’espérance, si nous mettons nos pas dans ceux de cet homme Jésus. C’est encore lui qui nous pousse à croire que rien n’est perdu de notre vie personnelle ou collective ; lui le Verbe de Dieu, la puissance de Dieu va se révéler dans nos propres fragilités, dans nos misères humaines. Il s’est fait chair, pour que le divin habite en nous.

        Je ne sais pas si les enfants ont tout compris des explications du curé venu à la rescousse de l’animatrice de catéchisme, mais une chose est sûre, ils se sont bien retrouvés dans la figure de ce petit enfant, parole de Dieu, si proche de nous.

André Jobard

Télécharger au format pdf