L’humilité : remettre sa vie dans les mains du Père – homélie du dimanche 28 août 2022

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L’humilité : remettre sa vie dans les mains du Père

« Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place ». Cette invitation de Jésus fait écho à cette sentence entendue dans la première lecture où le sage nous propose d’accomplir toute chose dans l’humilité. L’humilité, thème central de la parole de Dieu aujourd’hui. Une réalité qui n’est pas très vendable de nos jours, où il s’agit de se montrer fort, puissant et maître des situations. Pour bien entrer dans la pensée de Jésus, et surtout pour que celle-ci devienne source de vie et de joie pour nous, je pense qu’il s’agit de bien comprendre ce qu’est cette humilité recommandée. Nous verrons ensuite en quoi elle peut effectivement être féconde pour notre vie personnelle et collective.

On a tendance à considérer l’humilité comme une disposition qui nous demanderait de toujours nous effacer, de refuser toute exposition de soi et même de ses capacités. On a peut-être l’image de ces personnes qui frôlent les murs pour passer inaperçues, qui restent toujours au fond de la salle (et même au fond de l’église !), qui s’abstiennent de toute parole dans les conversations, et qui peuvent être promptes à juger celles qui osent prendre la parole ou la direction des affaires. Je ne veux pas croire que c’est à cette humilité, cette fausse humilité que Jésus nous appelle. J’aime penser à Jésus qui n’a pas craint de s’exposer pour annoncer la venue du royaume de son Père, non pour un profit personnel, mais pour que cette bonne nouvelle se répercute à toute l’humanité. Tout en se laissant appelé fils de Dieu, maître et Seigneur, il n’a pas dédaigné le plus humble des services, tel le lavement des pieds. Que de fois également n’a-t-il pas consenti à n’être pas compris, au point d’être rejeté, arrêté, condamné, humilié sur une croix ! Ainsi entendue, la notion d’humilité est toute autre chose qu’une simple disposition morale, elle est la vie-même de Jésus, qui loin de se fier à lui-même, à ses propres forces, a totalement remis sa vie entre les mains de celui qu’il appelle son Père.

Cela dit, en quoi cette humilité de Jésus nous concerne-t-elle, qu’apporte-t-elle à notre vie, à notre foi ? Je me faisais la réflexion hier à l’heure où je tiens permanence pour le sacrement du pardon. Inutile de vous dire que contrairement à ce qu’on m’avait annoncé un certain samedi, il n’y a jamais une file d’attente jusqu’au bas du parking ! Pourtant j’aime bien accueillir cette démarche qui consiste tout simplement à dire notre difficulté à vivre le quotidien, à gérer les problèmes de couple, à porter les soucis des enfants, à entretenir l’entente familiale ou celle du milieu professionnel, à maîtriser nos pulsions, et à reconnaître notre impuissance devant la marche chaotique du monde et de nos sociétés. Il me semble que ce geste dit bien notre condition de chrétien, de baptisé ; en nous permettant de reconnaître nos propres limites il éveille en nous le désir de nous recentrer sur Jésus, de vivre la grâce du baptême qui fait de nous des enfants du Père, à qui nous remettons sans cesse notre vie.

Notre monde présent, guidé par des idéologies du toujours plus, de la compétition, de la puissance économique et militaire, n’a-t-il pas besoin de cette attitude de vérité sur soi, que permet le sacrement du pardon ? Cela évite les condamnations abruptes, les jugements mal fondés, et stimule un regard de bienveillance sur l’autre et restaure la confiance, toutes choses tellement indispensables pour une vie en société apaisée, un avant-goût du royaume promis par Jésus.

André Jobard
28 août 2022