Marie, mère de tous les prophètes
15 août : fête d’une grande dame. C’est la figure de cette dame qui domine toute cette journée : Marie, honorée par une foule de croyants (pas seulement chrétiens), vénérée comme la mère de Dieu et notre mère à tous. On l’aime, Marie, on la prie, on écoute volontiers le chant de l’Ave Maria, que ce soit aux obsèques, aux mariages ; on lui offre dans les plus grands sanctuaires (à Lourdes par exemple) ou dans la plus petite église de campagne des cierges de dévotion à travers une démarche toute empreinte de confiance ; beaucoup, se disant réservés par rapport au Christ, à l’Église, attribuent volontiers à la Vierge Marie des pouvoirs exceptionnels, de l’ordre du divin. Une petite anecdote personnelle : un couple d’amis chez qui je passais quelques jours m’avaient conduit à la messe le dimanche matin, sans y participer eux-mêmes, mais l’après-midi en visite à Notre Dame de la Garde à Marseille ils n’avaient pas manqué d’allumer un cierge. Bref, Marie, dont le 15 août est la plus grande fête, tient une place de choix dans le cœur de beaucoup. Et c’est tant mieux.
J’allais donc développer les raisons de cette ferveur en décortiquant les textes, très riches par ailleurs de la Parole de Dieu, quand hier soir tant en dégustant mon yaourt je trouve dans la Croix de vendredi un article sur le cardinal Saliège. Qui est ce cardinal et pourquoi en parle-t-on en ce moment ? Tout simplement parce que nous commémorons le quatre vingtième anniversaire des événements tragiques au cours des quels des juifs ont été enlevés et envoyés dans les camps de la mort. Et ce cardinal, qui avait pourtant fait allégeance au maréchal Pétain s’est insurgé contre cette opération de police dans une lettre qui fut lue dans toutes les églises de son diocèse..
Et dans l’article cité, il est dit que le président de la conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort demande à toutes les paroisses de France de lire cette lettre le jour du 15 août. Ce que je n’hésite pas à faire maintenant, même si à première vue cela semble très éloigné de Marie et de la fête d’aujourd’hui. En réalité, ce courageux cardinal en publiant cette lettre n’a fait qu’obéir à sa conscience, éclairée par la parole de Dieu qui invite à la foi en la réalisation de la promesse de Dieu, comme l’a fait Marie quand elle a dit oui à l’annonce de l’ange (ce que reconnaîtra Élisabeth par ces mots : « heureuse celle qui a cru »). Inspiré par l’attitude de Marie, le cardinal Saliège écrivit cette lettre qui est un cri, une révolte. Il s’agit d’une parole prophétique assurant à son tour que Dieu est fidèle à sa promesse. Et cette promesse, quelle est-elle ? Dieu vient sauver son peuple et lui fait confiance dans sa capacité à instaurer un royaume de justice et de paix. Et quand l’humain est à ce point menacé, l’Église se doit de rappeler cette exigence de justice et d’humanité.
Puissions-nous avec Marie vivre cette dimension prophétique ! C’est la seule chance pour notre Église, et de rejoindre ainsi celle qui est maintenant auprès de son fils dans l’éternité.
André Jobard
15 août 2022
Lire la lettre pastorale du Cardinal Saliège sur « la personne humaine »