Pour repartir dans l’espérance – homélie du dimanche 11 août 2024 – (Carmel)

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Pour repartir dans l’espérance

En ces jours de grande chaleur, nous pouvons être tentés comme Elie de nous mettre à l’ombre d’un buisson et dire au Seigneur : « maintenant, c’en est trop, reprends notre vie ». Mais plus encore que la chaleur étouffante, c’est la situation internationale, avec toutes ses violences, qui nous fait douter d’un retour possible de la paix, de la justice et de la préservation de la nature. De même dans notre vie personnelle, familiale, nous pouvons traverser de lourdes épreuves, de santé, de dialogue difficile, d’incompréhension, de jalousie. D’où la tentation de baisser les bras et de se laisser aller en abandonnant toute volonté d’une emprise sur la réalité ; ne serait-ce pas la signification du sommeil dans lequel s’enfonce Elie, découragé dans sa marche au désert, alors qu’il est traqué par la reine Jézabel ?

Or c’est précisément dans son sommeil qu’Elie va vivre une expérience, une véritable découverte de ce qu’est la Foi, une expérience à laquelle Jésus invite ses auditeurs. Dans son dénuement extrême, tandis qu’il s’abandonne tout entier dans les mains de Dieu (ne dit-il pas à Dieu : ’reprends ma vie’ ), il est réveillé par un ange qui l’invite à manger ce pain cuit sur le feu et à boire cette cruche d’eau. Sa faim et sa soif sont apaisées sur le champ, et une 2ème fois il est réveillé et appelé à se relever pour continuer la route. Cette route qui n’était qu’un chemin d’errance devient le chemin qui conduit à la montagne de Dieu. Il n’en fallut pas plus pour provoquer ce sursaut, grâce à ce pain et à cette cruche, qui n’étaient qu’un signe de la proximité de Dieu. Comme la manne au désert, comme ces pains qui avaient nourri 5000 hommes. C’est bien dans l’expérience du dénuement, de la vulnérabilité que se découvre cette présence de Dieu, à condition de lire dans nos vies toutes ces petites miettes de pain et ces quelques cruches qui se trouvent sur nos chemins.

Et quand Jésus se désigne comme le pain vivant descendu du ciel, il tourne le regard de ses auditeurs, et donc nos regards à nous, vers toutes ces réalités qui nous font avancer dans la vie. Au lieu de nous désespérer devant l’étalage sur nos écrans, de la misère du monde, recherchons, repérons tout ce qui contribue à la paix. J’aime beaucoup la parole de Paul quand il dit : « n’attristez pas le Saint-Esprit » et qu’il énumère toutes ces dispositions, ces pensées qui introduisent le mal dans nos relations. Reprenons plutôt le chant du psaume : ’Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur’. Nous passerons ainsi de la récrimination dont s’étaient rendus coupables les auditeurs de Jésus à la contemplation de ce que Dieu nous offre jour après jour, que ce soit dans les rencontres avec nos frères, dans les tentatives de réconciliation, dans la nature qui nous entoure, dans la main tendue pour accompagner le malade ou le désespéré. La vie éternelle, elle est déjà là, et pour reprendre le mot du philosophe, elle n’est plus un cadeau à attendre plus tard, elle est un chantier à alimenter par nos actes d’aujourd’hui.

André Jobard
Carmel
11 août 2024