Préférer la vie, préférer Jésus – homélie du dimanche 28 juin 2020

 

Préférer la vie, préférer Jésus

 

        Au cours d’une conversation téléphonique avant-hier, mon interlocutrice me disait combien il lui semblait indispensable que sa fille de 17 ans, confinée depuis 3 mois avec ses parents eux-mêmes retenus à la maison par le télétravail, puisse vivre son camp scout durant l’été et que cela serait bon pour elle : encore fallait-il que cette personne accepte de laisser partir sa fille, accepte qu’elle préfère rejoindre ses copines plutôt que de rester vers ses parents, cela pour sortir d’un cocon familial rassurant, et vivre une belle aventure. Très vite j’ai relié cette nouvelle avec celle que nous transmet Jésus, quand il dit « qui aime sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Je pense que mon interlocutrice, en réagissant ainsi a fait le choix du Christ. Voyons ce qui peut nous faire dire cela.

        On a longtemps interprété la pensée de Jésus comme une injonction à se soumettre totalement à sa volonté, à son pouvoir . Et dans notre imaginaire, on pense nécessairement au choix radical des moines, des religieuses qui quittent leur profession, et tout projet d’amour conjugal ou de paternité ou maternité pour se donner totalement au Christ. Et de ce fait nous pensons que cette parole ne nous concerne pas , nous qui n’avons pas fait ce choix. En réalité Jésus ne veut pas d’une soumission à un prétendu pouvoir sur nos vies. Le préférer c’est faire le choix d’un plus grand bien même si c’est au prix d’une privation, d’une séparation, d’un renoncement. On sait combien un lien peut être mortifère, comme par exemple un amour parental envahissant, quand il ne permet pas à l’enfant, à l’adolescent de quitter ses parents. Or Jésus nous veut vivants, il souhaite que nous puissions nous accomplir totalement en réalisant notre vocation d’homme et de femme. Il veut aussi nous libérer de toutes ces chaînes qui nous empêchent de nous ouvrir aux autres, par exemple la peur qui nous fait hésiter à accueillir celui qui demande un verre d’eau. Jésus a lu les Écritures, et notamment le récit du prophète Elisée, (1ère lecture) avec cette annonce étonnante de la naissance d’un fils chez une femme stérile : miracle consécutif à la remarquable hospitalité dont elle a fait preuve. Cette expérience d’une fécondité inattendue est à notre portée, chaque fois où nous sommes sortis de nos peurs, de nos méfiances pour ouvrir notre cœur et offrir un verre d’eau fraîche ; démarche très humble mais tellement source d’une grande paix intérieure.

        A l’heure où commence la saison de l’été, des vacances, du repos, des rencontres familiales pour beaucoup d’entre vous, je l’espère, cette parole est un véritable bain de fraîcheur. Même si nous n’avons pas la joie d’un été tel que je décris, même si nous avons à passer par de grandes souffrances physiques ou morales,rappelons-nous que prendre l’option pour le Christ, c’est faire le choix de la vie. Cela nous ramène à la parole de Paul, qui n’hésite pas à dire : « pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus-Christ ». C’est la grâce, la force reçue à notre baptême. Après avoir combattu courageusement ce virus pour préserver notre santé et celle de tous, après avoir expérimenté de nouvelles façons de vivre, de consommer, de découvrir la beauté de la nature dans sa renaissance printanière, nous aspirons à une vie épanouie, c’est-à-dire à une vie qui ne se referme pas sur elle-même, mais qui s’ouvre à l’inattendu de Dieu. Jésus nous rejoindra toujours quand nous faisons le choix de la vie.

André Jobard

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