Présentiel / Distanciel – homélie du dimanche 19 avril 2020 (sans messe)

 

        Habituellement les enseignants forment leurs élèves « en présentiel » dans des salles, des amphis et des ateliers. Les élèves sont présents. Pour assurer la continuité pédagogique en période de confinement, les professeurs préparent et dispensent des formations « en distanciel » par téléphone, mails, textos, vidéos, Skype, Whatsapp, Zoom… Pour la plupart des élèves, ce distanciel n’est pas aussi efficace que le présentiel qui reste essentiel.

        Pendant trois ans, en Galilée puis en Judée, c’est en présentiel que Jésus a formé ses disciples habituels ou occasionnels. Le Fils de Dieu a été un bon pédagogue.

        Jour après jour, il a rappelé les prérequis (« On vous a dit », Mt 5), assuré des cours théoriques (le pur et l’impur, Mt 15, le pain de Vie, Jn 6), imaginé des présentations illustrées (paraboles) et pris le risque de réaliser des expériences didactiques (tempête apaisée, multiplication des pains). Il a rendu obligatoire les travaux pratiques (« Donnez-leur vous-mêmes à manger », Lc 9) et les travaux dirigés (« Vous-mêmes priez ainsi », Mt 6). Il a répondu aux questions (« Quel commandement est le plus grand ? », Mc 12, « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? », Lc 10), organisé les révisions (deuxième multiplication des pains) et contrôlé les connaissances (« Qui dites-vous que je suis ? », Mt 16). Il a donné des bons points (« Tu as bien répondu », Lc 10) et des punitions (« Passe derrière-moi, Satan », Mc 8). Il a promis des récompenses (« Qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera », Mt 10) et annoncé un classement (« Beaucoup de premiers seront derniers et les derniers, premiers », Mc 10).

        Après la Résurrection, pour permettre à ses disciples de réaliser l’incroyable, Jésus choisit la pédagogie par alternance. Il commence par le distanciel (le tombeau vide), consolide par un indispensable présentiel (les apparitions) et revient au distanciel (l’Ascension) quand il pense que la Foi de ses disciples est suffisamment assurée.

        Depuis il se rend présent à ceux qui le cherchent et s’efforcent de réduire la distance avec lui par la prière, le service aux autres, la méditation de son évangile, et surtout l’Eucharistie, le présentiel indispensable qui fait temporairement et péniblement défaut aux disciples-élèves d’aujourd’hui.

Vincent Boggio

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