Quatre façons de dire Noël – homélie du dimanche 25 décembre 2022

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Quatre façons de dire Noël

C’est quoi Noël ? Voici 4 réponses possibles : Un nouveau-né dans une mangeoire / Un Sauveur vous est né / Dieu vient visiter son peuple / Le Verbe s’est fait chair. Ce n’est pas un jeu. Il n’y a pas de millions à gagner. On pourrait faire appel à un ami ou demander l’avis du public. Mais c’est inutile, car toutes les réponses sont justes. Elles sont tirées des évangiles. Dieu vient visiter son peuple, c’est la prophétie de Zacharie, le père de Jean-Baptiste, qui anticipe la naissance de Jésus. Le nouveau-né couché dans une mangeoire, c’est le signe donné par l’ange aux bergers de Bethléem. Un Sauveur vous est né, c’est l’argumentaire joyeux qui les décide à partir à sa recherche. Le Verbe s’est fait chair, c’est le cœur de l’introduction de l’évangile de Jean que nous venons d’entendre.

Pour les premiers chrétiens, c’est Pâques qui était au cœur de la Foi. Mais rapidement ils se sont interrogés sur l’origine, j’ose dire la provenance, de ce Jésus ressuscité qui avait vécu parmi eux. Qui était-il ? D’où venait-il ? Ils l’ont dit à leur façon.

Pour dire Noël, il y a sûrement d’autres réponses possibles. Car ce n’est pas facile de dire en quelques mots un mystère, le mystère d’un Homme qui au commencement était une Parole auprès de Dieu, qui était Dieu, un Dieu-fait-Homme qui est donc venu chez nous, qui est resté avec nous et qui viendra. Ces représentations de Noël deviennent des présentations quand on veut raconter Noël à ceux qui ne savent pas, ou ne savent plus d’où vient Noël. L’une ou l’autre peut nous parler davantage, en fonction de notre âge, de notre chemin dans la Foi, de notre rapport au monde, ou de notre espérance. Le nouveau-né dans une mangeoire dit l’humilité d’un Dieu qui renonce au trône de David où un messie était attendu et fait pétiller les yeux des enfants dont il partage la fragilité. Le Dieu visiteur de son peuple parle à ceux qui se passionnent pour la longue Histoire de l’humanité dans laquelle s’inscrit cette venue qui bouleverse cette Histoire. Dieu veut rencontrer chacun de nous, chacun a du prix à ses yeux. La naissance d’un Sauveur parle sans doute davantage aux plus anciens. Elle rappelle au pécheur, chacun de nous, que Jésus est venu le relever du péché et au croyant vieillissant que la résurrection du Christ ouvre une brèche dans le mur de la mort. L’évocation par Jean d’un Verbe qui s’est fait chair, d’une parole divine qui devient vie humaine, parle à ceux qui aiment lire la Bible mais aussi à ceux pour lesquels une parole doit être mise en actes pour être comprise.

Noël n’est pas le début de l’année civile, ce sera dans une semaine, ni celle de l’année chrétienne, c’était il y a un mois avec le début de l’Avent, mais Noël est pour de nombreux chrétiens, davantage que Pâques, un anniversaire qui marque une renaissance de leur croissance spirituelle.

Et voici une proposition. Chacun pourrait repérer parmi ces quatre représentations de Noël celle qui lui parle le mieux actuellement, puis déplacer son regard et en choisir une autre pour changer d’angle d’approche sur le mystère de Noël et renouveler sa vie spirituelle tout au long de l’année. Regarder Jésus dans sa pauvre mangeoire peut réorienter le passionné de la lecture de la Bible vers la sobriété et surtout le partage. Fixer son attention sur le Verbe qui s’est fait chair, peut conduire le militant généreux à redécouvrir la Parole en la lisant et la méditant chaque jour, et vérifier ainsi que ce qu’il fait dit bien aux autres quelque chose de Dieu. Comprendre comment Dieu vient visiter son peuple, ce peut être, pour celui qui est hanté par le mal, repérer à travers ses rencontres, comment Dieu se manifeste en beau, en bon et en bien chez les autres. Méditer sur l’annonce de la naissance d’un Sauveur, c’est oser passer d’un mystère, celui du Dieu-fait-Homme, à un autre, celui de la Rédemption et se laisser toucher par la grâce d’un Dieu qui a donné sa vie pour nous libérer du péché.

Vincent Boggio
25 décembre 2022