Royaume et Paradis – homélie du dimanche 13 juin 2021

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Royaume et Paradis

 

         Enfant, on m’a beaucoup parlé du paradis. Il fallait faire le bien pour espérer le gagner. Sinon ce serait l’enfer. Devenu grand j’ai découvert l’Évangile. Jésus ne parle du paradis qu’une seule fois, sur la croix, quand il le promet au bon larron.

         Par contre il parle beaucoup du Royaume. J’ai cru que Royaume et paradis, c’était un peu la même chose. C’est Christine Vidal, dont certains paroissiens de La Visitation se souviennent, qui m’a proposé de chercher le Royaume, de l’approcher, en écoutant Jésus qui en parle sans le définir, par exemple quand il propose : Par quoi allons-nous comparer le Royaume de Dieu ? Ce Royaume, on n’en fait pas le tour. Oser en parler, me fait dire seulement « Voilà ce que j’en perçois au point où j’en suis » : un temps et un lieu de justice, de paix et d’amour, déjà là, tout près de nous mais inachevé, encore à construire, avec un avant-goût de paradis. J’y suis en partie, pas toujours et pas complètement.

         Les paraboles de ce jour insistent sur sa croissance. Dieu l’a planté lui-même. Il l’entretient. Il renverse l’arbre élevé, relève l’arbre renversé, fait sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Il a dit à Ezéchiel qu’il le ferait grandir et il le fait. Jésus s’en réjouit et s’en étonne presque. Nuit et jour la semence germe et grandit et le semeur ne sait pas comment. Mais il constate que ça marche et qu’il y a du blé plein l’épi.

         Le Royaume de Dieu grandit sans bruit. Les médias en parlent peu car l’injustice, la guerre et la haine se vendent mieux que la justice, la paix et l’amour en plénitude. Cependant, en montrant l’inachevé du Royaume, ils stimulent ceux qui veulent aider à sa croissance. Mais le Royaume est bien déjà là, en chaque temps, chaque lieu, chaque homme où il y a de l’amour, de la justice et de la paix. Vous allez le rencontrer aujourd’hui, grandiose comme un cèdre ou insignifiant comme un plant de moutarde.

         Mardi matin je suis monté au Paradis ! C’est un petit refuge non gardé, paisible, dans une clairière souriante de la forêt de la Haute Joux. Les gens aiment s’y retrouver avec des amis. Le Royaume et le paradis s’y rejoignent. Il est entretenu par des bénévoles que je ne connais pas et qui donnent leur temps et leur peine pour la joie de gens qu’ils ne connaissent pas, discrètement, modestement, soigneusement. Ils sont un signe du Royaume.

         Comme le sont à Lourdes les musiciens d’Aineo et les hospitaliers qui offrent une partie de leurs vacances pour les pèlerins et les malades. Comme le sont tous ceux qui mettent de l’amour, de la justice et de la paix dans le quotidien des autres.

         Avec le Royaume et le paradis, il y a aussi le Purgatoire, construction théologique, dont Jésus ne parle pas, qui apaise les uns et embarrasse les autres. Je le vois comme les temps que je vis sans être en phase avec Dieu, des moments un peu neutres, un peu gris mais pas vraiment noirs, qui mériteraient d’être purifiés pour faire partie du Royaume. Comme dit Saint Paul, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. Nous voudrions quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur. En attendant, notre ambition c’est de plaire au Seigneur.

Vincent Boggio

13 juin 2021