« Tout est accompli » – homélie du vendredi saint 19 avril 2019

        « Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits, ainsi que sa tunique » Nous voilà au paroxysme du dépouillement que vit Jésus : la nudité devant des foules, le sommet de la honte. C’est là où Jésus a été conduit, pour avoir voulu défendre les petits, les exclus, et instaurer un royaume de paix et de justice. Véritable échec à vue humaine, et pourtant il va avoir ces mots, ces mots de la fin : « tout est accompli ». Nous avons déjà eu dimanche dernier dans la passion selon saint Luc une relecture pleine d’espérance en la puissance de l’amour, capable de transformer un drame en tremplin pour une vie nouvelle. Saint Jean nous invite lui aussi à voir derrière la mort de Jésus, derrière son dépouillement intégral, un accomplissement.

        Pourrions-nous qualifier ainsi le temps présent ? Nous avons toutes les raisons pour dire que rien ne va plus, que notre humanité va à sa perte, que l’Église vit une crise grave, sans parler de l’incendie de Notre Dame de Paris. S’agit-il d’un accomplissement, au sens où Jésus emploie ce mot ? Si nous sommes là ce soir, n’est-ce pas pour l’annoncer ? N’est-ce pas pour témoigner que le mal est bien présent dans notre existence, que nous voulons le combattre à tout prix, que nous nous indignons devant son emprise ? Et nous le faisons, avec d’autant plus de confiance, que nous savons que c’est là le projet-même de Dieu, et que Dieu est fidèle, comme il le sera dimanche, jour de résurrection.

        N’ayons pas peur de vivre le temps présent avec ses crises, ses doutes, ses violences. Jésus qui n’a pas déserté notre condition humaine sera toujours avec nous, tel est le message du vendredi saint.

André Jobard

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