Un chemin de vie – homélie du dimanche 28 mars 2021 – Les Rameaux

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Un chemin de vie

 

         « Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu. » Que vient faire cette anecdote dans ce récit si tragique ? Cela semble totalement incongru. A moins que ce soit pour enfoncer le clou et souligner l’atmosphère totalement inhumaine, cruelle de toute la scène que nous venons d’entendre ? Peut-être, car reconnaissons-le, nous avons à faire à une explosion de violence, où l’acteur principal, Jésus, est totalement humilié, écrasé, broyé, torturé sous les coups de ses bourreaux et les sarcasmes de ses ennemis.

         Je lisais ces jours derniers la biographie d’une personne (dont je connais les descendants) qui a connu l’occupation nazie et surtout la débâcle de l’armée allemande en 1944, avec des violences inouïes, détruisant tout sur son passage, tuant les adultes, les enfants, brûlant les maisons, dévastant les villages entièrement. Comment ne pas penser à tous ceux qui vivent cela actuellement : les théâtres de guerre et de violence ne manquent pas.

         La passion de Jésus, c’est notre humanité souffrante. Et s’il nous arrive d’accuser Dieu d’en être l’auteur, ou de lui reprocher d’être indifférent à toutes ces violences, relisons cette passion où celui qui se définit comme le fils de Dieu lui-même est soumis à cette violence. La façon dont il la vit et qui bouleverse le cœur de son bourreau (le centurion romain) apporte une petite lueur d’espérance sur nos propres tragédies ; d’ailleurs c’est ce que signifient ces rameaux avec lesquels Jésus a été acclamé en entrant à Jérusalem ; c’était déjà l’annonce prémonitoire de sa victoire sur la mort ; une annonce qui nous fait porter à notre tour ces branchages dans nos maisons ou sur les tombes de nos chers disparus comme signe d’espérance : en effet Dieu ne permet pas l’épreuve, il permet que dans chaque épreuve il y ait un chemin de vie.

André Jobard

28 mars 2021