Un peuple en attente – homélie du dimanche 9 janvier 2022

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Un peuple en attente

 

         « En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente ». A la lumière des files d’attentes qui se forment en ce moment devant les pharmacies ou les centres de dépistage, nous n’avons pas de peine à imaginer la scène de ce peuple juif en attente. Peut-être va-t-il nous falloir définir quelle est cette attente, et ce qui fait que ces foules, certainement très bigarrées comme le sont celles devant nos officines, constituent un peuple. Un peuple dans lequel Jésus n’a pas craint de s’insérer, et j’allais dire de prendre son ticket avec son numéro pour se glisser dans la file d’attente.

         On le sait ces foules qui venaient vers Jean le Baptiste attendaient un sauveur promis depuis des siècles ; déjà Isaïe (1ère lecture) annonçait la venue de celui qui serait la figure « du Seigneur Dieu qui vient avec puissance et dont le bras lui soumet tout ». Quand on est opprimé comme l’était le peuple juif à l’époque de Jean Baptiste, on comprend que l’attente d’un sauveur qui chasserait l’ennemi était forte et partagée par tout un peuple. Ce dernier en venant vers Jean Baptiste avait conscience que son péché, c’est-à-dire ses défaillances en matière de justice, son appétit à avoir toujours plus, sa propension à se réfugier dans une pratique ritualiste de sa religion, n’était pas pour rien dans la situation qu’il vivait, et donc qu’il lui fallait changer quelque chose dans sa vie. Et cela était partagé par tous, y compris par Jésus, élevé dans cette espérance d’un geste salvifique de la part de Dieu. En est-il ainsi aujourd’hui où chacun est plus volontiers motivé par la recherche de sa sécurité individuelle, à être préservé du virus ou des effets d’une vaccination incertaine ? Comment se reconnaître d’un même peuple quand les positions tranchées conduisent à des clivages destructeurs ?

         C’est ici que la démarche de Jésus prend tout son sens. En prenant fait et cause pour ses compatriotes désireux d’un changement pour une vie de liberté à travers ce geste de purification qu’est le baptême, il se solidarise totalement avec son peuple de pécheurs. Et c’est à ce moment précis qu’il est reconnu fils de Dieu, et qu’est rétablie la communication entre le divin et les hommes, symbolisée par l’ouverture des cieux et la descente de l’Esprit. De là la naissance du peuple de ceux qui découvriront la présence de Dieu dans le visage de Jésus. Un Jésus, homme au milieu des hommes, un Jésus en prière, un Jésus humble et non pas triomphant. Dans la situation actuelle, où notre monde est en plein désarroi face aux conséquences d’un méchant virus, ne serait-ce pas une chance de nous reconnaître unis dans la même épreuve ? Au lieu de nous lancer des invectives, au lieu de rechercher chacun sa solution, au lieu de traiter le problème pays par pays, ne serait-il pas plus salutaire de chercher des chemins de fraternité et d’adopter des comportements plus bienveillants ? Et pour nous, frères de Jésus fils de Dieu, et que le baptême a consacrés, n’y a-t-il pas à revenir à cette source ? C’est là que nous pouvons puiser la confiance, la foi en un avenir meilleur et ainsi donner corps à ce monde, à ce peuple en quête de sens et de bonheur.

         Le baptême de Jésus ? Un défi qui nous est lancé à nous chrétiens ; nous sentir solidaires de ce monde en détresse, travailler ensemble à retrouver le désir de la fraternité universelle, pour être vraiment fils de Dieu, comme Jésus, et ainsi permettre au Père de trouver en nous toute sa joie.

André Jobard
9 janvier 2020