Un sauveur nous est né – homélie du mardi 24 décembre 2019 – Veillée de Noël

 

        Il y a quelque temps, après un baptême, la maman voulait asseoir l’enfant sur l’autel pour prendre une photo. Je lui ai dit que cela ne me semblait pas une bonne idée.

        Plus tard j’ai cherché les raisons de ce refus précipité. J’aurais pu dire que l’autel est une table sacrée. Mais un enfant tout nouveau baptisé n’est-il pas sacré ? J’aurais plutôt dû rappeler que l’autel est la table où le pain devient le corps du Christ et que Jésus est le seul qui a sa place sur l’autel.

        Cette réflexion m’a rappelé François d’Assise qui était diacre. La nuit de Noël 1223, dans une grotte de Greccio, il fit installer l’autel au-dessus d’une mangeoire.

Un servant place l’enfant Jésus sur l’autel

        Prenons le temps d’accueillir à notre tour le signe donné aux bergers, « un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire ».

… Prenons le temps de contempler les signes des mystères qui nous réunissent ce soir et qui nous dépassent.

        Sur l’autel la naissance de Dieu. Dieu s’est fait Homme en Jésus. Dieu est né parmi nous. Il a vécu pleinement une vie d’Homme. Dieu a pris chair, notre chair.

… Au-dessus de l’autel, la croix.

        Le Vendredi Saint une petite fille a demandé à sa mère :
        « – Pourquoi tu vas à la paroisse aujourd’hui ? »
        « – Parce que ce soir on se souvient de la mort de Jésus. »
        « – Ah bon ! Parce qu’il est mort Jésus ! Mais moi je le savais pas, je le savais pas. »

 Oui, petite fille, la croix, suspendue au-dessus du nouveau-né, est le signe de sa mort.

        Il a été tué par des hommes. Mais regarde bien ! Cette croix est percée. Le vide qui la traverse est le signe de la résurrection. Jésus est revenu à la vie. Il est vivant pour toujours. Il a ouvert une brèche dans la mort à travers laquelle il nous entraîne dans la Vie.

        La mise en perspective de la naissance et de la mort-résurrection éclaire le message de l’ange aux bergers de Bethléem : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Un Sauveur ! Ces bergers devront attendre 33 ans et la résurrection pour comprendre ce message. Jésus est Dieu Sauveur parce qu’il est né (c’est inouï), qu’il a vécu parmi nous (c’est sympa), qu’il a donné un message d’amour absolu (c’est merveilleux), qu’il est mort (c’est tragique) et qu’il est ressuscité (c’est magnifique). Ainsi il nous sauve du péché et de la mort.

… Devant l’autel, une deuxième table, solide comme un roc, la table de la Parole. Chaque dimanche, les lectures rappellent ce que Jésus, Dieu Homme a dit, entre son premier cri dans la mangeoire et son dernier cri sur la croix, et ce qu’il a fait entre sa première tétée dans une étable à Bethléem et sa dernière boisson vinaigrée sur le Golgotha. Ses mots et ses gestes d’amour donnent du sens à la vie de ceux qui les écoutent.

… Devant cette table, des fleurs, signes de la création. Elle nous précède. Dieu nous la remet pour que nous la cultivions et que nous prenions soin de cette maison commune.

… Et tout autour, des frères et des sœurs, bergers des temps nouveaux, rassemblés par le Sauveur, notre Dieu, qui s’est fait homme pour nous rejoindre tous, petits et grands, dans notre vie ordinaire, pour prendre soin de nous et de toute l’humanité. Bergers des temps nouveaux, allez proclamer sans crainte cette bonne nouvelle : Un Sauveur nous est né.

Vincent Boggio

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