Une attente comblée – homélie du dimanche 2 février 2020

 

        Une question pour commencer : allez-vous faire des crêpes aujourd’hui ? Deuxième question savez-vous pourquoi on fait des crêpes à la Chandeleur ? Rassurez-vous je ne vais pas rester sur ce plan gastronomique, mais cette tradition culinaire remonte aux temps anciens où on découvrait l’allongement des jours, et la crêpe (par sa forme circulaire et sa couleur dorée) représentait alors le soleil vainqueur de la nuit… référence à cet événement relaté dans ce passage de l’évangile où il est question de lumière. L’évangéliste saint Luc a tenté de traduire l’expérience mystique d’un certain Syméon. Entrons avec lui dans le sens profond de ce message.

        Tout d’abord regardons cet homme Syméon, décrit comme un homme juste et religieux, qui attendait la consolation d’Israël. Quelle est donc cette consolation d’Israël ? L’Ancien Testament est traversé par l’attente de la venue d’un sauveur, qui puisse réparer les injustices commises par les hommes, rétablir un royaume de paix. Cette attente avait à la fois une coloration politique (un roi, digne de David, la grande figure du peuple Juif, qui puisse libérer le pays de l’occupation étrangère) et aussi une dimension religieuse : face aux aléas de la vie, aux questions de l’existence, que ce soit la maladie, la peur de la mort, l’impossibilité d’une véritable fraternité, vif est le désir, en tout temps y compris aujourd’hui, de se tourner vers la divinité, vers un Dieu qui pourrait apporter une consolation dans les tourments de toute vie. Les prophètes au long des siècles avaient annoncé la venue d’un tel sauveur, mais l’attente était longue. Syméon est la figure de ce peuple en attente.

        Que se passe-t-il alors ? L’Esprit Saint entre en action : « sous l’action de l’Esprit Saint » dit le texte. Syméon à travers la rencontre avec les parents de Jésus venus au temple accomplir les rites de leur religion, va vivre une expérience très forte ; il va réaliser que ce bébé est ce sauveur attendu depuis des siècles. A quoi va-t-il le reconnaître ? Rien dans ce bébé semblable à tous les autres bébés préfigure la mission qui sera la sienne. Syméon ne dispose d’aucun élément objectif pour déclarer que ce bébé c’est le Messie attendu. C’est dans sa prière, expression de son attente soutenue, qu’il va faire l’expérience de la réalisation de la promesse annoncée dans l’Ancien Testament.

        Une belle façon pour saint Luc de dire que par la prière, nourrie de la prière de tout un peuple, la rencontre avec notre Dieu est possible. Notre attente de ce rendez-vous avec le Seigneur est comblée dès maintenant, surtout si nous persévérons dans la prière et dans la foi que Dieu est fidèle à sa promesse. Et ce Dieu qui se manifeste ainsi vient illuminer nos existences. Il est cette lumière qui se révèle aux nations, quels que soient la religion, les comportements ou les choix de vie. Syméon a pressenti que ce bébé allait bouleverser l’histoire humaine, non sans déchirements ou violences, et qu’il allait ouvrir la porte de l’espérance à tous les peuples.

        Alors tenons dans la prière et l’amour l’attente d’un monde réconcilié, au cœur de notre actualité si malmenée : c’est ainsi que nous sortirons réconfortés dans l’espérance de la venue de cette lumière, qu’est le Christ. Et mangeons nos crêpes de bon appétit !

André Jobard

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