Une parole d’espérance – homélie du dimanche 30 août 2020

 

Une parole d’espérance

 

        Décidément, les responsables liturgiques qui ont sélectionné cet évangile pour aujourd’hui n’ont pas fait preuve de psychologie. Ils savaient pourtant que ce dimanche tombait juste avant la rentrée scolaire, les enfants et leurs parents encore tout remplis de beaux souvenirs de vacances, de promenades, de baignades, de rencontres familiales ou amicales autour d’un repas champêtre. Le moral n’est pas forcément au beau, et voilà que l’Église nous sort un discours plutôt macabre, du style « celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix, qu’il renonce à lui-même ! » Et nous serions tentés comme Pierre de dire à Jésus : « ça suffit, l’annonce de ta mort, l’échec de ta mission, on ne veut plus en entendre parler. »

        De là ma perplexité : vais-je abonder dans ce registre rabat-joie, au risque de perdre très vite mes auditeurs, voire-même les décourager, alors qu’ils ont besoin de tonus, de perspectives plus réjouissantes à quelques heures de la reprise ? Cela me faisait trop penser au premier sermon du supérieur du petit séminaire qui nous lisait et commentait le règlement de la maison avec sévérité, de quoi renforcer le cafard des têtes blondes que nous étions. Alors, comment sortir de cette impasse, sans pour autant contourner la parole de Dieu ?

        Une fois de plus, il m’a fallu me plonger plus profondément dans ces textes entendus aujourd’hui, ne pas en rester à une lecture superficielle. Des textes qui en fait prennent bien en compte ce que nous sommes, nos projets humains en cette rentrée, notre envie de réussir, de ne pas nous contenter d’acquis mais de découvrir du nouveau. N’est-ce pas ce que dit le psalmiste quand il chante : « Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi. » Je sens derrière ces expressions l’élan inscrit en nous, élan qui nous pousse à avancer sur le chemin de notre propre humanité. Et quand je lis Jérémie, tenté de baisser les bras devant l’adversité, mais qui se redresse et déclare ces mots sublimes « il y avait en moi comme un feu dévorant », je me reconnais totalement et j’ai décidé de ne pas m’arrêter sur la complexité du temps présent, complexité dont le port du masque ou la distanciation sociale ne sont que des détails. Nos hésitations, nos peurs devant tant d’incertitudes actuelles, je voudrais bien comme Pierre les ignorer, les contourner, les évacuer ; mais j’entends une petite voix au fond de moi qui me dit comme Jésus : « prends ta vie à bras le corps, ne fuis pas devant les difficultés, et garde confiance : ton existence, elle se joue là et c’est là et non dans des rêves que tu trouveras la clé du vrai bonheur. » Et enfin, Paul nous rejoint tout à fait quand il nous invite à nous transformer en renouvelant notre façon de penser : faire du neuf après le confinement, n’était-ce pas le souhait qui a été largement exprimé? Nous y sommes.

        Finalement une telle parole, elle est bienvenue aujourd’hui, comme toujours d’ailleurs. Bien sûr il nous faut sortir d’une lecture rapide, moralisante pour entrer dans la profondeur de la pensée de Dieu sur nous. Elle nous rejoint tout à fait, et nous engage à vivre notre rentrée dans l’espérance et la joie.

André Jobard

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