Vous êtes tou·te·s des princesses et des princes – homélie du dimanche 24 novembre 2019 – Christ-Roi

        C’est aujourd’hui la fête du « Christ-Roi de l’Univers ».

        Jésus, Dieu-fait-Homme, ne se laisse pas évoquer en un mot. Ses contemporains puis les chrétiens ont donc multiplié les noms de Jésus : le Messie, le Christ, le Sauveur, le Nazaréen, le fils de Dieu, le Seigneur et d’autres encore. Parmi ces titres, celui de Christ-Roi peut sembler superflu. La fête du Christ-Roi est d’ailleurs récente. Elle n’a même pas 100 ans. Heureusement qu’elle n’a pas été proposée aux chrétiens du XVIIè siècle. Ils auraient eu du mal à s’y retrouver entre un Christ-Roi et un Roi-Soleil, monarque absolu. Louis XIV est désormais bien loin, et nous sommes davantage sereins quand nous pensons au Christ comme un Roi.

        Il n’a pas revendiqué ce titre pour lui, même s’il s’est laissé acclamer lors de son entrée à Jérusalem, devenue la fête des Rameaux. Assis sur son âne, c’est à une parodie de procession royale qu’il s’est soumis pour montrer qu’il était un roi d’un autre genre, un roi de pauvreté, d’humilité et de paix, sans armée ni trompettes ni étendard.

        Les Evangiles montrent comment Jésus le Christ, après avoir séduit la foule de Galilée, l’a déçue en se dérobant après la multiplication des pains quand elle voulait l’enlever pour le faire roi. Elle a compris qu’il ne fallait pas compter sur lui pour devenir le nouveau Roi d’Israël, le nouveau David.

        C’est peu dire qu’il a peiné à faire comprendre et à faire accepter ce qu’il appelait son Royaume, du début de sa prédication avec les Béatitudes (″Heureux les pauvres car le Royaume des cieux est à eux″) jusqu’à son dialogue avec Pilate (″Es-tu Roi ?″ ″C’est toi qui le dis… Mais ma royauté n’est pas de ce monde″) et le dernier cri d’un malfaiteur crucifié avec lui (« Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ») Que voulait-il dire ?

        Deux mille ans après nous avons encore du mal à percevoir ce que Jésus appelle tantôt Royaume, tantôt règne. On perçoit que son Royaume est proche, et même déjà là mais incomplet et inachevé. Il grandit et progresse chaque fois que l’amour, la justice et la paix grandissent et grignotent le monde. Et nous sommes acteurs de son extension. Nous bâtissons le Royaume. Il rétrécit et régresse quand la haine se déchaîne.

        Ce Royaume du Christ qui se construit sur la terre est étroitement joint au Royaume des Cieux. L’amour, la justice et la paix nous disent quelque chose du paradis.

        La fête du « Christ-Roi » est devenue la fête du « Christ-Roi de l’Univers ». Ce supplément rappelle que nous ne sommes pas seuls dans ce Royaume mais accompagnés par toute la création. Raison de plus pour la respecter et la réparer.

        Enfin, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Puisque Jésus Christ-Roi désigne ses disciples comme ses frères, nous sommes les sœurs et les frères d’un roi. J’ai donc la joie de vous l’annoncer aujourd’hui : vous êtes tou·te·s des princesses et des princes.

Vincent Boggio

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