Aimer Dieu et Aimer son prochain, c’est Aimer sans mesure…
Chers frères et sœurs, chers amis,
Dans l’oraison d’ouverture des célébrations de ce dimanche, (c’est la même qui est reprise partout dans toutes les églises), d’un seul cœur et dans un même esprit, nous demandons à Dieu de nous faire aimer ce qu’il commande pour obtenir ce qu’il promet. Ce qu’il promet c’est bien plus que du chocolat, c’est une vie remplie de sa présence, de sa paix et de sa joie. C’est ce qu’on appelle la vie éternelle avec Dieu. Cette vie-là ne nous attend pas après notre mort, mais cette vie est déjà commencée lorsque nous vivons de la foi, de l’espérance et de la charité, que nous lui demandons à juste titre d’augmenter en nous. Voilà ce qu’il promet. Et quel est ce qu’il commande ? – puisque nous avons dit « fais nous aimer ce que tu commandes pour obtenir ce que tu promets ». Ce qu’il commande, c’est ce dont il s’agit dans l’évangile de ce dimanche avec cette question posée à Jésus : « quel est le plus grand commandement ? ». La réponse de Jésus, c’est « Aimer ». Aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même ou encore « aimer-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Au fond, en nous faisant aimer son commandement « d’aimer », Dieu lui-même nous aide à accomplir ce commandement.
Maintenant je vous pose une question difficile : Avez-vous déjà pris le temps de vous confronter à ces paroles de Jésus ? Avez-vous déjà pris la mesure de votre amour pour Dieu ? On reconnaît l’amour par ses manifestations. Comment manifestez concrètement à Dieu cet amour de tout notre cœur ? Ce peut être intéressant de s’arrêter et de voir les gestes d’amour qu’on a pu poser en faveur de Dieu : le temps qu’on lui a donné, la tendresse qu’on lui a manifestée. Ce peut-être aussi intéressant de se demander pourquoi Jésus associe ce commandement d’aimer Dieu au commandement d’aimer inconditionnellement le prochain – ce qui n’est pas toujours facile. C’est sans doute parce qu’on ne peut pas aller vers Dieu en se dépassant sur le chemin sans se saluer, ou sans se soucier de l’autre.
Il me semble qu’en associant les deux commandements, Jésus veut nous montrer que c’est dans notre amour pour le prochain (quelquefois capricieux) que se trouve la mesure de notre amour pour Dieu. Et quel doit être la mesure de notre amour pour le prochain ? Eh bien il n’y a pas de mesure. Il ne peut y avoir de mesure parce qu’en Dieu il n’y a pas de mesure à l’amour. La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure, comme le disait saint Augustin. Il y a un chant qui dit : « l’amour de Dieu est si grand qu’on ne peut le surmonter, si profond qu’on ne peut le sonder, si vaste qu’on ne peut le contourner ». Si ce discours sur la mesure de l’amour du prochain venant de la mesure sans mesure de l’amour de Dieu d’une part et manifestant d’autre part la mesure de notre amour pour Dieu – si ce discours peut paraître un peu abstrait, nous pouvons trouver la déclinaison concrète de ce commandement d’amour dans ce que dit le Seigneur dans le livre de l’Exode et que nous avons proclamé en première lecture : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-même autrefois des immigrés. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin (ils représentent toutes les personnes vulnérables de notre société). Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un, à un pauvre (…), tu ne lui imposeras pas d’intérêts (…) S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi je suis compatissant ».
Si au nom du commandement d’aimer, chacun vit sans commentaire ces préceptes, et qu’aux plus hauts niveaux de nos sociétés, on revient à ces prescriptions, notre monde se porterait certainement mieux. En outre, toi, ta manière d’aimer le prochain détermine ton amour pour Dieu. Et s’il y a encore une mesure, une limite à ta manière d’aimer ton prochain, c’est que tu n’aimes pas assez Dieu.
Judicaël Mitokpey
29 octobre 2023