Comme Marie, dire oui
J’ai rêvé cette nuit que, pris d’un grand désir d’honorer notre Dieu, j’avais décidé d’agrandir notre église de la Visitation, en doublant sa surface, en érigeant un vrai clocher avec un important carillon de 24 cloches et en installant un orgue à tuyaux de 15 jeux; en effet le rayonnement de notre paroisse était tel qu’on ne pouvait absolument plus accueillir toutes les nouvelles recrues. Quand je me suis réveillé ce matin, j’ai pris la mesure de notre communauté, et j’ai lu le texte d’Isaïe, l’histoire de David qui avait de grandes ambitions pour son Dieu, et peut-être aussi pour sa propre gloire ! « Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison. » Voilà David ramené à cette prise de conscience : c’est le Seigneur qui construit, ce n’est pas par ses propres mérites que va perdurer sa royauté.
Et dans la foulée, j’ai lu aussi le texte bien connu de l’Annonciation, où Marie, après avoir appris qu’elle allait enfanter, a cette parole extraordinaire : « comment cela se fera-t-il ? » et non pas « qu’est-ce que je dois faire ? ». C’est comme si elle renonçait à se mettre en avant, en se demandant comment l’action de Dieu va- pouvoir se réaliser au cœur-même de ce qu’elle vit et qui semble de prime abord opposé au projet de Dieu ? Il s’agit donc pour Marie d’une mise à disposition de Dieu de toute sa personne, de ses propres projets, de ceux qu’elle avait bâtis avec son fiancé, Joseph. Tout cela devient second, seule compte la volonté de Dieu.
Les 2 figures de David et de Marie peuvent nous parler, à nous qui sommes toujours tentés de mettre en avant nos désirs de bien faire, de faire pour, de donner, d’agir pour les pauvres, de nous mobiliser. Comme eux, laissons nous travailler par l’Esprit Saint, pour accueillir le projet de Dieu sur nos vies, dans notre histoire, même la plus troublée. Chacun de nous est peut-être en ce moment bousculé dans ses projets par suite d’une maladie, d’un échec professionnel, d’un désaccord familial ou amical, d’un deuil. La situation internationale met à mal nos désirs de paix, trouble notre tranquillité. Face à cela allons-nous dire oui, comme Marie : « voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole ! » ? Quel est notre oui, ce soir ?
Finalement mon rêve d’une grande église, petit à petit va se transformer. En effet par mon consentement à ce qu’est réellement notre paroisse, je sais que le Seigneur peut y accomplir de grandes choses, pas forcément visibles au grand jour mais réelles au fond des cœurs. Comme Marie, chacun de nous par son oui, peut enfanter Jésus, du moment que nous laissons l’Esprit Saint nous couvrir de son ombre et de sa tendresse.
André Jobard 23
décembre 2023 (4ème dimanche de l’Avent)