Je parlais hier avec une personne qui vend des lunettes, et je lui racontais cette histoire que nous venons d’entendre. Comment pensez-vous qu’elle a réagi ? Elle m’a dit que si cela se passait encore aujourd’hui, des gens, comme Jésus, qui rendent la vue à des aveugles ou à des personnes qui voient mal, elle serait obligée de fermer sa boutique. Des gens qui ne voient pas ou pas bien, il y en avait du temps de Jésus, et hélas, il y en a encore maintenant un certain nombre : ils sont donc obligés de porter des lunettes (tant mieux pour les opticiens!). Jésus ne guérit plus les aveugles, mais il nous dit, à travers ce récit, plein de choses, de belles choses. Car nos yeux sont souvent bouchés, ou bien ne voient qu’une partie de ce qui existe. On s’en est déjà aperçu avec l’histoire de Samuel et de David, ce que vous les enfants avez bien traduit : dans notre vision des choses, on s’arrête souvent sur l’apparence, sans voir ce qu’il y a dans le cœur des personnes, et du coup on va classer les autres selon des jugements superficiels, des a priori, selon ce que pensent la majorité des gens. « Celui-là il n’est pas bien habillé, il est mal coiffé, il a plein de boutons, il ne sait pas jouer au foot, il a une option politique qui ne me plaît pas… » sans voir que derrière cette apparence, il y a peut-être un garçon très gentil, une fille très intelligente, une belle personnalité.
C’est ici que l’histoire de la guérison de l’aveugle de naissance prend tout son sens ; en effet les témoins de cette guérison sont des pharisiens, c’est-à-dire des gens qui avaient un grand souci d’appliquer la loi de Dieu ; ils sont scandalisés de voir que Jésus a opéré ce miracle un jour de sabbat, ce qui était strictement interdit. Alors Jésus va montrer que ce qu’il faut voir, ce n’est pas le fait d’avoir désobéi à la loi, mais le fait que cet aveugle a retrouvé la vue ; et de cela il faut se réjouir. Et plus important encore c’est de voir que cet homme a compris que celui qui l’a guéri est un envoyé de Dieu, sur qui il peut compter : on dit alors qu’il a foi en lui. Sa guérison en fait va le conduire à voir autrement la réalité de sa vie.
Quand parfois on est tout triste, quand on a eu une mauvaise note, qu’on s’est disputé avec un copain ou une copine, que les parents nous ont refusé une sortie, un cadeau, ou bien devant la guerre, l’injustice, on a l’impression de voir tout en noir, on dit qu’on est dans la nuit, on ne voit plus pourquoi on vit. Jésus nous dit et nous le redit aujourd’hui encore : « je suis la lumière, et je veux vous conduire à la lumière ». Oui, si nous croyons en lui, si nous mettons notre confiance en lui, bien des choses, même les plus difficiles, les plus obscures vont s’éclairer.
Même si on a des problèmes de vue et qu’il nous faut porter des lunettes (tant mieux pour les opticiens !), avec Jésus on peut voir clair.
André Jobard
19 mars 2023