La foi qui apporte la joie
« Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas… » Oui, heureux es-tu d’avoir confessé que Jésus était le Messie. Donc nous devons être heureux nous qui chaque dimanche proclamons à notre tour que Jésus est le Messie. Mais au fait, sommes-nous si heureux que cela ? Des personnes, étrangères à la foi chrétienne qui seraient de passage dans notre église en ce moment feraient-elles le constat que nous sommes vraiment heureux ? Si je pose ainsi la question, vous devinez la réponse… Il nous faut donc réfléchir à quel bonheur nous conduit la foi, puisque c’est elle qui est au centre de cette scène.
Tout d’abord nous pouvons nous demander si ce que nous vivons, soit personnellement, soit collectivement, est source d’un grand bonheur. Moi-même je suis volontiers à me plaindre de ce qui ne va pas dans le déroulement de mes journées, des contre-temps, des oublis fâcheux, des ratés dans mon emploi du temps ou dans mes relations. Je pense aussi à telle ou telle personne atteinte d’une maladie grave, je pense à cette famille désunie pour une question d’héritage, je pense à ce couple qui se sépare laissant des enfants désemparés. Pour me remonter le moral j’ouvre la radio, ou je lis mon journal : des drames, des guerres en Ukraine, en Afrique, au Moyen-Orient, des gangs qui terrorisent la population d’Haïti, la famine qui sévit un peu partout et qui touche des enfants, des incendies qui ravagent des régions entières, une canicule encore plus difficile à supporter à 3 détenus dans une cellule de prison de 9 m2. J’arrête là mon inventaire, mais avouez que cette énumération a de quoi nous éloigner de l’idée du bonheur. Comment pouvons-nous encore entendre, recevoir cette promesse et la proclamer à la face du monde qui ne peut plus nous prendre au sérieux ?
L’autre jour à l’issue d’un entretien téléphonique avec une personne totalement remontée contre sa famille, comme je ne voyais aucune issue à ce déchaînement de haine, et que j’étais totalement déstabilisé, j’ai prié et j’ai réalisé au-delà de mon désespoir la force de la foi. Une foi qui me fait dire qu’il y aura une issue à cette dramatique situation, peut-être pas sur le champ, peut-être au bout d’un temps long, dans une configuration inconnue, à condition que je tourne mon regard vers Jésus, le Messie. Comme pour Pierre, cette foi en Lui, en son identité de Messie, ne vient pas de moi, de ma force de conviction, de mon intelligence, mais de plus loin, du plus profond de mon cœur : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » De là une grande paix en moi, source d’une joie profonde.
C’est cette joie que chrétiens, nous avons à diffuser autour de nous. J’emploie le terme ‘diffuser’, qui est autre chose que de le proclamer sur les toits. D’ailleurs Jésus recommande le silence à ses disciples. Il s’agit bien de témoigner de notre foi en ce Messie qui est venu nous libérer de cette tentation permanente du dénigrement, du ‘à quoi bon ?’, du repli sur soi et sur ses opinions définitives. Cela se vit dans nos conversations quotidiennes, quand nous évoquons tous ces drames de notre monde. Sommes-nous porteurs de cette espérance que nous donne la foi au Christ, le Messie ? Quand tout va bien, c’était le cas pour Pierre dans les débuts avec Jésus, pas compliqué de croire en Lui. Mais quand arrive l’épreuve, la contestation, la mort, nous pouvons nous aussi renier notre foi en Lui, tout simplement en épousant l’opinion générale du défaitisme, de l’accusation absolue. Où est alors notre joie, promise à Pierre, promise à tous ceux qui mettent leur foi en Lui ?
André Jobard
27 août 2023