L’œuvre de Dieu
Après le sabbat Léontine et Marina* sont venues regarder le tombeau, où repose Jésus, leur nouvel ami. Hier elles avaient été témoins de sa mort, une mort d’une grande violence attisée par la jalousie et la lâcheté des responsables de l’époque. De même qu’elles avaient ressenti en elles un bouleversement très profond à la découverte de ce Jésus, voilà qu’à leur arrivée au tombeau, se produit à nouveau un grand tremblement de terre et, nous dit saint Matthieu, « l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre qui fermait le tombeau et s’assit dessus. » Nous sommes en présence d’une immense révélation, à la fois celle qui a attiré le cœur de nos deux amies, et aussi celle que nous célébrons ce soir dans la joie.
Quelle révélation ? Celle de l’œuvre de Dieu, celui qui agit depuis la création du monde, qui libère le peuple des Hébreux esclaves en Égypte, qui se joue de nos limites humaines (que valent toutes ces pierres, ces murailles que nous érigeons comme protections?), qui défie la mort, qui transforme le cœur des humains, et ce soir le cœur de Léontine et de Marina. Oui, Jésus ressuscité par Dieu est le témoin de la puissance de l’amour de Dieu, amour qui fait vivre au-delà de la mort.
Nous avons là racontée de façon imagée, mais très explicite l’intervention de Dieu ; c’est Dieu qui va casser la spirale infernale de notre désespérance, de nos échecs répétitifs, de notre repli sur nous-mêmes. C’est lui qui a fait sortir Jésus du tombeau, comme il veut nous faire sortir de nos tombeaux, pour que, dira saint Paul, nous menions une vie nouvelle.
Et cette vie nouvelle : quelle est-elle ? C’est d’aller en Galilée, leur dit Jésus, car c’est là que nous le verrons. S’agit-il alors de prendre l’avion et d’aller sillonner les routes de Galilée, de Nazareth, du lac de Tibériade pour le rencontrer ? Bien sûr que non. La Galilée représente notre monde, dans sa grande diversité de peuples, religions, cultures. C’est une province de brassage de populations aux mœurs pas toujours orthodoxes. C’est donc là, dans la vie, dans nos rencontres multiples (voir notre chemin de carême) que nous découvrons le ressuscité. Plus besoin de temple ni d’église. Une seule chose est nécessaire, celle qui a habité Jésus tout au long de son parcours, et spécialement son parcours de mort : la confiance en Dieu, la foi. Il ne cesse d’agir au-delà de nos doutes. C’est cette foi qui nous surprend parfois, comme elle vous a surprises , Léontine et Marina ; la foi en l’œuvre de Dieu pour notre bonheur.
André Jobard
8 avril 2023 – Veillée Pascale
* Léontine et Marina ont reçu les sacrements de la vie chrétienne en cette veillée pascale.